C’est un fait extrêmement rare : un ancien sous-officier américain a reçu, à titre posthume, la médaille de ‘Juste parmi les Nations’ de Yad Vashem pour son action héroïque pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ces faits nous sont rapportés par le site juif américain JTA qui précise que le sergent-chef Roddie Edmonds est l’un des cinq Américains à avoir été honorés de la sorte par le mémorial de la Shoah de Jérusalem. Il entre ainsi dans la ‘famille’ des 26 000 personnes qui ont eu droit à cette marque de reconnaissance.
Le président de Yad Vashem, Avner Shalev a expliqué ce choix : « Le sergent-chef Roddie Edmonds semblait être un soldat américain ordinaire mais il avait un sens aigu des responsabilités et se dévouait pour les autres. Ce sont les attributs qui unissent tous ceux qui font partie de ces ‘Justes’. Son acte a servi d’exemple à ses compagnons qui se sont dressés contre l’atroce barbarie des Nazis ».
Edmonds a été fait prisonnier pendant la Bataille des Ardennes, qui s’est déroulée pendant l’hiver 1944-1945. Elle a opposé les forces alliées à l’armée allemande et s’est achevée fin janvier 1945 par le refoulement des Allemands.
Juste avant leur défaite, les Allemands ont annoncé que tous les soldats juifs du camp devaient se présenter au commandement le lendemain matin, probablement pour être envoyés dans un camp de la mort ou pour être assassinés sur place.
Edmonds étant le plus haut gradé, il a donné l’ordre à tous ses soldats de répondre à cet appel. Le lendemain matin, lorsque le commandant nazi a vu que tous les Américains se tenaient debout devant leurs baraquements, il s’est exclamé : « Mais ils ne peuvent pas tous être juifs ! » Et le sergent-chef Edmonds a répondu : « Nous sommes tous juifs ».
Le commandant du camp a alors dégainé son pistolet et a menacé le sergent-chef Edmonds qui a alors décliné son nom, son rang et son numéro d’immatriculation conformément à la Convention de Genève. Puis il a dit : « Si vous tirez sur moi, vous devrez nous tuer tous, et après la guerre, vous serez jugé pour crimes de guerre ». Le commandant allemand est alors parti.
L’un des soldats juifs présents, Paul Stern, a raconté la scène à Yad Vashem : « 70 ans se sont écoulés mais j’entends encore les paroles qu’il a prononcées devant le commandant allemand du camp ».
Un autre témoin juif, Lester Tanner, a précisé qu’ils étaient, en tout, 1 000 soldats américains se tenant en formation devant leurs baraquements avec Edmonds. Il a souligné que personne ne remettait en question la décision de leur supérieur : « Le sergent-chef Edmonds, en prenant le risque de sa propre mort, a défié les Allemands, sauvant ainsi tous les prisonniers juifs ».
Le fils de ce héros méconnu jusque là, le pasteur Chris Edmonds, qui dirige une congrégation religieuse dans le Tennessee, a effectué récemment un voyage en Israël pour participer à un séminaire réservé aux leaders chrétiens à l’École internationale d'études de la Shoah de Yad Vashem.