Souccot :Pourquoi prier pour la pluie ?
13 octobre 2024•
Par Jacques Kohn Zal
A la fin des fêtes de Souccoth nous ne réciterons plus “morid hatal” mais “machiv haroua’h oumorid haguechem” dans la amida.
Cependant nous ne changeons la beracha sur la pluie qu’à partir du 4, 5 ou 6 décembre selon.
Pourquoi d’une part plusieurs jours après morid hatal et d’autre part pourquoi à la même période chaque année basée sur le calendrier non-juif! Cest -à-dire pourquoi cette date particulière?
Signalons en premier lieu une différence essentielle entre la phrase : machiv ha-roua‘h ou-morid ha-guéchem et we-tèn tal ou-matar .
Par la première, nous louons Hachem , sans rien Lui demander, parce que c’est Lui « qui fait souffler le vent et qui fait tomber la pluie ». La véritable prière pour la pluie, c’est celle où nous Lui demandons de « donner la rosée et la pluie » ( we-tèn tal ou-matar ).
C’est cette différence qui explique que les dates à partir desquelles nous récitons ces deux formules ne sont pas les mêmes.
En ce qui concerne la première, les rabbins ont considéré que le moment opportun pour l’introduire dans la ‘amida était le 22 tichri , date qui marque, avec Chemini atséreth , la fin des fêtes d’automne et qui se situe en Erets Yisrael approximativement au début de la saison des pluies ( Choul‘han ‘aroukh Ora‘h ‘hayim 114, 1).
Quant à we-tèn tal ou-matar , on le récite en Erets Yisrael à partir du 7 ‘hechwan , et dans les autres pays le soir du soixantième jour après la teqoufa d’automne ( Ibid . 117, 1).
Le 7 ‘hechwan est, en effet, le quinzième jour après la fin des fêtes, et les rabbins ont considéré qu’il ne fallait pas évoquer la possibilité de chutes de pluie pendant que les pèlerins étaient en route pour retourner chez eux après avoir passé les fêtes à Jérusalem.
Telle est la pratique encore suivie aujourd’hui en Israël, bien que les raisons qui ont motivé cette décision rabbinique n’aient plus cours.
En ce qui concerne les autres pays, rappelons en premier lieu que la Diaspora, à l’époque du Talmud, était cantonnée pour l’essentiel en Babylonie et les pays limitrophes, et que ceux-ci n’avaient pas un besoin de pluie aussi urgent qu’ Erets Yisrael .
Aussi les rabbins ont-ils décidé que l’on doit, dans ces pays et, par extension aujourd’hui, dans toute la Diaspora, commencer à une date plus tardive, fixée au soixantième jour après la teqoufa d’automne.
Il n’existe, à la vérité, aucune justification rationnelle au choix de cette date. Ainsi que l’a écrit rav Moché Feinstein ( Igueroth Moché , Ora‘h ‘hayim 4, 17), « nous disons we-tèn tal ou-matar soixante jours après la teqoufa de tichri bien que cela ne paraisse pas correspondre à une nécessité dans nos pays. Si nous le faisons, c’est pour respecter la pratique qui était en honneur en Babylonie ».
Ainsi que je l’ai indiqué le 24 août dernier dans ma réponse à la question intitulée : « Divers : Vos autres questions – Elaboration du calendrier juif », la fixation de notre calendrier, depuis l’abolition du Sanhédrin , est déterminée par les calculs de Chemouel et de rav Adda . Or, le soixantième jour après la teqoufa d’automne, selon les données fixées par ce dernier, se situe habituellement (hors les années bissextiles) le 5 décembre (ou le 4 décembre au soir).
Il est vrai que, si l’on considère que l’équinoxe d’automne a lieu le 23 septembre, le soixantième jour devrait se situer le 21 novembre et, pendant les années bissextiles, le 20 novembre.
Cependant, Aboudraham , dans un ouvrage publié en 1340, situait ce soixantième jour le 22 (ou le 23) novembre. On connaît toutefois les bouleversements qu’a apportés au calendrier solaire, celui que nous utilisons dans la vie courante, la réforme grégorienne. Disons, sans entrer dans les détails, que les données fixées par Aboudraham sont reportées actuellement, à la suite de cette réforme, au 5 (ou au 6) décembre, et qu’elles le seront, au vingt-et-unième siècle, au 6 (ou au 7) décembre.
Jacques Kohn zal’
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