Quand l’évêque de Metz
s’en prend au grand rabbin Fiszon

Selon Mgr Pierre Raffin, le conflit israélo-palestinien et le soutien
inconditionnel du grand rabbin de Metz, Bruno Fiszon, à Israël
empêcheraient tout dialogue avec la communauté juive. Des déclarations
publiques qui suscitent une vive polémique dans la capitale de la Lorraine.
Le dialogue interconfessionnel
a pris du plomb dans l’aile
à Metz. En cause, les critiques
formulées par l’évêque de la
ville, Mgr Pierre Raffin, dans une
interview accordée au Républicain
Lorrain, à l’adresse de la communauté
juive et de son chef spirituel,
le grand rabbin Bruno Fiszon. Ce
qui a entraîné une mise au point,
ferme mais cinglante de ce dernier
dans le même quotidien régional.
Des tensions qui dépassent
le simple cadre religieux, dans un
département – la Moselle – où le
régime concordataire donne aux
responsabilités religieuses, un statut
officiel.
Le 11 novembre dernier, le Républicain
Lorrain consacre une pleine
page à une interview de Mgr
Raffin. Celui-ci est interrogé sur
l’actualité de son évêché, la messe
en latin ou encore le dialogue interreligieux.
Ce dernier thème fait
même l’objet d’un petit article placé
en exergue et titré d’une citation
de l’évêque : « La question d’Israël
obère le dialogue avec les Juifs ». Le
reste est à l’avenant. Après avoir
rappelé qu’il « respecte » les Juifs et
« vénère » leur foi, Mgr Pierre Raffin
y va, en effet, franco : « Nous
sommes peut-être plus désireux
qu’eux d’un véritable dialogue »,
lâche-t-il. « Aux yeux de certains
Israélites, notamment le grand rabbin
de Metz (le rav Bruno Fiszon.
Ndlr), si vous n’êtes pas un inconditionnel
de l’État d’Israël, les ponts
sont coupés ». Et s’il prend garde de
condamner l’antisémitisme, Monsieur
l’évêque tire un parallèle avec
le conflit israélo-palestinien, soulignant
« qu’on n’est pas obligé de
soutenir ce qui s’est passé à Gaza ».
Il est vrai que Pierre Raffin n’a jamais
hésité à faire publiquement
état de son opposition à l’action
de Tsahal, rompant ainsi avec la
neutralité affichée par l’Église de
France. Les Musulmans de Moselle
en prennent également pour leur
grade, qualifiés de « monde pauvre
culturellement ».
Des déclarations face auxquelles
le grand rabbin de la Moselle
ne pouvait rester sans réagir. Publiée
trois jours plus tard, dans
l’édition du 14 novembre du même
journal, la réponse du grand rabbin
Fiszon est sans équivoque : il
se dit « consterné » par les propos
de l’évêque et par son « manque
d’élégance ». Homme posé aux propos
mesurés, ce vétérinaire, spécialiste
des questions de ché’hita
et conseiller du grand rabbin de
France s’exprime toujours de manière
modérée à propos du conflit
israélo-arabe et s’inscrit dans la
ligne centrale du Consistoire et du
CRIF : « L’opinion que l’on peut
avoir sur le conflit -j’ai la mienne
et je l’assume- ne doit pas être
confondue avec le dialogue interreligieux
(…) Les gens [la communauté
juive de Metz] ont été stupéfaits
que l’on puisse s’en prendre
ainsi à d’autre religions : ce n’est
pas ma personne qui compte mais
ce que représente la fonction », affirme-
t-il dans le droit de réponse
publié par le journal régional.
La polémique fait en tout cas du
bruit dans la préfecture de la Moselle
où vit l’une des plus anciennes
communautés juives de France.
Le Consistoire de la Moselle a
ainsi reçu de nombreux messages
de soutien des notables locaux
qui se demandent quelle mouche
à piqué Mgr Raffin. Interrogé par
Hamodia, Philippe Hegiel, le directeur
de la communication de
l’Evêché refuse de parler de « polémique
» : « Ce qu’il faut surtout
retenir des propos de l’évêque, c’est
son attachement au dialogue entre
les différentes religions ». Reste que
ce dernier semble avoir subi un sérieux
coup d’arrêt et que les accusations
de Mgr Raffin laissent un
goût amer à la communauté juive ;
celui « de cette époque révolue où
l’Église était toute puissante et ne
supportait pas la contradiction »,
résume le grand rabbin Fiszon.

Serge Golan


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