Voilà plusieurs décennies
qu’aucun Séfer Torah
n’avait été inauguré dans
le port normand. C’est donc chose
faite… Et selon le président de la
communauté locale, « c’est là un
signe d’optimisme, garant de la
transmission ! »
Victor Elgressy avait dix ans
lorsqu’il est arrivé au Havre en
1967. Depuis, il y a fait sa vie, devenant
– entre autres – président
de la petite communauté juive du
grand port normand. Or jamais
depuis ces quarante et quelques
années, il n’avait assisté à l’inauguration
d’un Séfer Torah dans la
synagogue locale…
Autant dire que le dimanche 8 novembre
dernier fut pour lui l’une
de ses journées que l’on marque
d’une « pierre blanche » puisque
la communauté juive du Havre
inaugurait un Séfer Torah dédié
à la mémoire de Isaac Rafaël Elalouh,
son ancien président. « Solidarité,
chaleur et surtout une
énorme émotion, voilà comment
je résume cet événement ! », a
confié Victor Elgressy.
Pour l’occasion, non seulement
l’ancien grand rabbin de France,
Yossef-Haïm Sitruk, le président
du Consistoire de France, Joël
Mergui, mais aussi les représentants
des communautés normandes
de Deauville, Rouen et Caen
avaient fait le déplacement. Au
total, près de 300 personnes se
pressaient dans la synagogue de
la rue Victor Hugo. Autant dire
que l’endroit avait perdu l’habitude
d’accueillir autant de monde
!
Forte de plus de 350 familles
dans les années qui ont suivi
le départ des Juifs d’Afrique du
Nord, le Havre n’en compte plus
aujourd’hui qu’une centaine.
Résultat : la vie juive y est loin
d’être flamboyante, malgré les
efforts déployés par Victor Elgressy
et les piliers de la communauté.
Si les offices des fêtes
y sont célébrés, on réunit difficilement
un myniane pour le
Chabbat. Quant à un « baal koré »
capable de lire correctement la
paracha, c’est une « denrée » encore
plus rare !
Mais heureusement, il y a la venue
– cinq à six fois par an – des
jeunes de la ‘Hazac (ces équipes
envoyées par le Consistoire central
pour animer des Chabatot) et
surtout le « travail fantastique »
fourni par le rav Chmouel Lubecki,
le représentant du mouvement
Loubavitch en Normandie, qui
assure le Talmud Torah et envoie,
si besoin est, des renforts en enseignants
et jeunes rabbins. « Tout
ce qui nous permet de maintenir
une vie juive, en particulier pour
Chabbat, est le bienvenu, explique
le président Elgressy. Alors
recevoir un Séfer Torah dans une
communauté comme la nôtre,
c’est une preuve d’optimisme ! Il
est essentiel que dans quelques décennies,
nos enfants et nos petits
enfants continuent à être porteurs
du judaïsme. Or l’une des conditions
d’une bonne transmission de
cette tradition, c’est évidemment la
présence d’un Séfer Torah ! ».
S. G.
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