A l’occasion de Pessah, fête de la liberté, le magazine israélien Kikar Hashabat a consacré l’un de ses articles aux femmes prisonnières de maris récalcitrants qui refusent de leur donner le Guett.

« La vie de plus de 5 000 Agounot oscille entre le découragement et l’espoir », souligne l’auteur. Il ajoute que « leur vie s’est arrêtée pour une durée indéterminée ». En effet, raconte-t-il, ces femmes se sont mariées, ont fondé un foyer et après un certain temps, ont compris qu’elles devaient divorcer. Lorsqu’elles ont fait part de leur décision à leurs maris, ces derniers ont disparu sans laisser de traces.

Vered est l’une d’entre elles et elle a confié son histoire. Après le départ subit de son mari, elle a bénéficié heureusement du soutien de sa famille. Quant aux juges du tribunal rabbinique, ils ont loué les services de détectives privés pour tenter de retrouver le mari récalcitrant. Après un an et demi de recherches, ils ont réussi à le localiser mais celui-ci a refusé net de donner le Guett à son épouse.

Il a alors été incarcéré et ses exigences d’ordre financier n’ont fait qu’augmenter. Finalement, après une longue procédure judiciaire, le grand jour est enfin arrivé : la semaine dernière, le mari récalcitrant a accepté de libérer son ex-femme.

C’étaient des moments intenses, se souvient Vered. « C’était incroyable, a-t-elle dit avec des larmes dans la voix, je n’y croyais plus, je pensais que je ne recevrais jamais mon Guett ».

Le Rav Elie Ben Dahan, vice-ministre des Cultes (HaBayit Hayehoudi), a dirigé pendant 21 ans le tribunal rabbinique. Pendant son mandat, il s’est efforcé d’aider les Agounot en créant notamment un fonds pour les aider financièrement et il a fait passer une loi en faveur de sanctions plus sévères à l’encontre des récalcitrants. Depuis 1995, ils sont poursuivis en justice et perdent leurs droits s’ils persistent dans leur refus.

Le Rav Ben Dahan a expliqué que grâce aux enquêtes menées par ses services, plus de 500 maris avaient pu être localisés. Malheureusement, a-t-il ajouté, le nombre des femmes qui n’obtiennent pas leur Guett est encore élevé. Lors de la dernière session d’hiver de la Knesset, un projet de loi qu’il a présenté a été adopté en première lecture, proposant de doubler la durée de l’emprisonnement des maris récalcitrants, qui pourrait donc passer de 10 à 20 ans de réclusion.