Le Midrach rapporte que le mont Sinaï fut choisi parmi d’autres montagnes bien plus impressionnantes précisément en vertu de sa modestie, car la Torah ne peut se révéler et exister que dans l’humilité.
À la question de savoir pourquoi la Torah n’a donc alors pas été donnée sur une plaine, voire dans une vallée, l’illustre Rabbi Heshel de Cracovie zatsal répond que l’humilité requise ne consiste pas à s’abaisser jusqu’au « niveau de la mer », car, ajoute-t-il, un minimum de fierté fixé à « cheminit chebecheminit » (un huitième de huitième) est toutefois recommandé pour ce faire. Et Rabbi Heshel de calculer que la hauteur du mont Sinaï était exactement 1/64 de celle de la plus haute des montagnes !
À ce propos, Rabbi Moché Feinstein zatsal avait l’habitude de raconter la parabole suivante…
Un paysan qui vivait dans un endroit très isolé fut invité dans un petit village : il se promena avec curiosité à travers les ruelles jusqu’au moment où il arriva au rond-point central. Là, il se frotta les yeux, admirant la grosse horloge perchée sur un socle de quelques mètres de hauteur. Il arrêta alors un passant et lui demanda pourquoi l’horloge avait été suspendue si haut ?
Son interlocuteur lui répondit avec un sourire : « Pour deux raisons ! Tout d’abord, cela permet de voir, où que vous vous trouviez, l’heure qu’il est. D’autre part, si cette horloge était à portée de la main, les passants lui déplaceraient sans cesse les aiguilles pour la remettre à l’heure, au lieu de s’aligner sur elle… »
Le rabbin est le représentant de la Torah dans sa communauté, disait le rav Feinstein : il doit en conséquence exercer ses fonctions avec humilité, certes, mais tout en se tenant toutefois « hors de portée » – à une certaine hauteur – afin que ses fidèles observent, même de loin, sa conduite exemplaire et surtout afin de dissuader chez certains d’entre eux toute tentative ou velléité de « remise à l’heure » qui serait à leur guise… Et c’est bien pour cela que la Torah a été donnée sur le mont Sinaï.
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