L’année qui s’achève aura été un bon cru pour l’économie israélienne. La plupart des indicateurs de 2010 sont au vert: une forte croissance du PIB (+ 4,5%), un niveau de vie soutenu (+ 2,7%), des exportations au plus haut (+ 12,6%), un chômage faible (6,5%), une inflation maitrisée (2,5%), etc. La reprise économique, qui a suivi le ralentissement de l’an passé, a donc été plus forte et plus rapide en Israël que dans la plupart des pays occidentaux.

Cette insolente bonne santé permet à l’économie israélienne de renouer avec les records dans des domaines variés: tourisme (3,5 millions de touristes), investissements étrangers (12 milliards de dollars), réserves en devises (65 milliards de dollars), etc. Sur le plan financier aussi, l’économie israélienne a surfé sur la vague de la crise: le shekel caracole en tête des devises les plus fortes et les plus stables au monde; la bourse de Tel Aviv est à son plus haut niveau de tous les temps, la balance des paiements accumule les excédents.

Parmi les grands événements économiques qui ont marqué 2010, on en retiendra deux qui auront un impact à long terme sur l’économie israélienne. D’une part, l’adhésion d’Israël à l’OCDE va lui permettre de mieux s’intégrer à l’économie mondiale. De l’autre, les récentes découvertes de gaz vont faire d’Israël une puissance exportatrice d’énergie naturelle.

En revanche, cette bonne santé de l’économie israélienne cache des profonds clivages socioéconomiques. Un peu plus de 20% des ménages sont en dessous du seuil de pauvreté, alors que la moyenne est de 11% dans la zone de l’OCDE; la pauvreté est concentrée parmi les Arabes israéliens (50% de pauvres) et les Juifs ultraorthodoxes (60% de pauvres). De même, les écarts de revenu en Israël sont parmi les plus larges de tous les pays occidentaux.

Les inégalités sociales criantes sont aussi le résultat de la politique économique libérale conduite par le gouvernement israélien tout au long de 2010. La baisse des dépenses publiques a touché principalement des couches les plus défavorisées alors que la réduction de la fiscalité directe a favorisé les revenus les plus élevés. La poursuite des privatisations, notamment des ports (Eilat Ashdod, Haïfa), des banques (Discount et Leumi) et de la Poste, risque de porter atteinte à la qualité et au coût des services publics.

Les défis à relever en 2011 seront nombreux. La flambée des prix de l’immobilier a obligé le gouvernement à prendre des mesures urgentes visant à résoudre la pénurie de logement, pour l’instant sans résultat. Le retard dans les infrastructures fait lui l’objet de grandes attentions, qui devraient peu à peu améliorer le quotidien des usagers et consommateurs en ce qui concerne les routes, les transports ferroviaires, le tramway urbain, le dessalement de l’eau, etc.

Reste un grand point d’interrogation. La bonne tenue de l’économie du pays peut-elle perdurer dans un contexte politique délétère ? Ce n’est un secret pour personne que le processus de paix, tant israélo-palestinien que syro-israélien est en panne. Un sur-place qui alimente le moulin à prières de ceux qui ambitionnent l’hégémonie régionale, l’Iran et la Turquie s’entend. Il est évident que ce blocage n’est pas le seul fait d’Israël, loin s’en faut.Mais s’il est un reproche à faire au gouvernement Netanyahou, c’est de demeurer en permanence sur la défensive, de riposter, de contrer avec plus ou moins de bonheur, mais de ne jamais prendre l’initiative. Quand on est sûr de ses cartes, on prend la main, et on accule l’adversaire à dévoiler son jeu. C’est le souhait pour 2011 : que le politique se montre à la hauteur du dynamisme économique.

Source: Israel Valley