La parachath Beha‘alothekha contient deux versets dont la présentation dans les rouleaux de la Tora est inattendue : « Ce fut, lorsque l’arche partait, Moïse disait : Lève-toi, Hachem ! Que tes ennemis soient dispersés et que fuient [ceux qui] te haïssent de [devant] ta face ! Et lorsqu’elle faisait halte, il disait : Reviens, Hachem, [parmi les] myriades des milliers d’Israël ! » (Bamidbar 10, 35 et 36).

Ces versets sont en effet séparés de ceux qui les précèdent et de ceux qui les suivent par des lettres noun renversées.

Parmi les nombreux commentaires de cette particularité, citons celui que rapporte la Guemara Berakhoth (4b) : Ces lettres noun sont celles qui manquent dans l’acrostiche alphabétique du Psaume 145 et qui sont remplacées au verset suivant par : סומך ה' לכל הנפלים וזוקף לכל הכפופים (« Hachem soutient tous ceux qui tombent… »), allusion au verset : « Elle est tombée, elle ne se relèvera pas, la vierge d’Israël » (Amos 5, 2).

Ces deux versets annoncent par conséquent la « chute » des enfants d’Israël, en même temps qu’ils présagent le soutien que leur procurera Hachem.

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Haftarath parachath Beha‘alothekha – « Mais par Mon esprit… »

A la fin de la haftara, le prophète Zacharie est éveillé de son  sommeil par un ange (4, 1) qui le fait assister à la vision d’une menora en or, flanquée de deux oliviers qui l’alimentent en huile (Rachi).

Constatant l’incompréhension par le prophète de la signification de cette vision, l’ange la lui explique en ces termes : «  Voici la parole de Hachem à Zorobabel, disant : Ni par la force, ni par la puissance, mais par Mon Esprit, dit Hachem des armées » (4, 6).

Rachi et Radaq expliquent le lien, en apparence très énigmatique, entre la vision de cette menora par Zacharie et l’affirmation par Hachem de la supériorité de Son esprit sur la force et la puissance : « De même que tu as pu assister à l’activité surnaturelle de ces oliviers et de cette huile qui alimentent les lumières sans intervention humaine, de même le Temple sera-t-il reconstruit sans que l’homme intervienne dans sa réédification, et uniquement par l’esprit de Hachem. »

On remarquera que le rôle purement passif attribué à l’homme dans la prophétie de Zacharie contraste avec l’activité intense que la Tora attribue à Aaron et à ses descendants au début de la paracha (Bamidbar 8, 1, 4).

Peut-être cette différence peut-elle s’expliquer à la lumière du commentaire du Midrach Tan‘houma rapporté par Rachi (ad Bamidbar 8, 2) : Pourquoi le chapitre relatif à la menora fait-il immédiatement suite à celui relatif aux princes ? Parce qu’Aaron, lorsqu’il a assisté à l’inauguration par les princes, s’est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui a alors déclaré : « Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières ».

Jacques KOHN.