En se servant de son ordinateur, un hassid de Brooklyn restaure peu à peu les enregistrements de Yossele Rosenblatt, l’un des plus grands hazanim de tous les temps.
 
On l’a souvent appelé le Caruso juif. Yossele Rosenblatt, né en Russie en 1882, avait commencé sa carrière en Europe de l’Est comme enfant prodige avant d’immigrer en 1912 aux Etats-Unis où il était devenu le hazan de la synagogue orthodoxe Ohab Tsedek à Harlem. Sa voix unique de ténor l’avait vite propulsé au firmament des hazanim.

Statut qu’il a conservé jusqu’à nos jours grâce aux divers enregistrements de ses prestations. Seulement, à son époque, celles-ci étaient gravées sur des 78 tours qui ont peu à peu subi les outrages du temps pour le plus grand malheur des amateurs.

   Mais, depuis deux ans, tout a changé. En effet, un hassid de Brooklyn, Mendel Werdyger, qui n’est autre que le frère du célèbre chanteur Mordekhai Ben David, s’est attelé à son ordinateur pour mener à bien la restauration des anciens enregistrements de Y. Rosenblatt. Il supprime toute trace de grésillement, sifflement et autre nuisance sonore. Moyenne de temps passé par morceau : cinq à dix heures de travail. Ce qui ne rebute pas cet accro de l’informatique. Le résultat est plus que probant. « Le son n’a jamais été aussi clair, a expliqué au New York Times Bernard Beer, le directeur de l’Ecole de Musique Juive Philip et Sarah Belz de la Yeshiva University. J’ai été élevé avec cette musique et je connais ces enregistrements depuis mon enfance. J’ai écouté (la version rénovée) et j’ai dit à mon associé qu’il n’y avait aucune comparaison avec tout ce qui avait été fait auparavant ». Actuellement, trois CD – dont le troisième vient tout juste d’être enregistré – intitulés     « Od Yossef Chai » sont disponibles.
 

«Aucune comparaison
avec tout ce qui a été
fait auparavant»

 
 
   En fait, pour mener à bien son travail, M. Werdyger a tout d’abord écouté des rééditions de Y. Rosenblatt mais, dit-il, « c’était des copies de 78 tours et le son n’était pas celui que je voulais ». Il s’est alors tourné vers les collectionneurs qui ont bien voulu lui prêter leurs précieux vinyles – tel Charlie Bernhaut, animateur d’une radio juive outre-Atlantique – mais aussi vers des institutions comme la Florida Atlantic University qui possède l’une des plus importantes discothèques juives existantes. Une fois la matière première réunie, M. Werdyger a transformé la voix du célèbre hazan en bits électroniques, se servant parfois de sept 78 tours différents pour sélectionner les passages les plus clairs, puis les a « collés » ensemble. « Le son est meilleur que lors de l’enregistrement, dit-il. Je ne pense pas que Rosenblatt lui-même l’aurait reconnu tant nous avons préservé et amélioré l’original ». l
 
Catherine Garson
 En partenariat avec le journal Actualité juive