La loi sur la conscription des bahourei yeshivot est passée à la Knesset mais au sein du parti Habayit Hayehoudi, qui l’a soutenue, un jeune député religieux, d’origine française, n’a pas suivi le mouvement et a annoncé avant le vote qu’il ne la soutiendrait pas. Yoni Chetboun, précisons-le, est à la tête du nouveau lobby francophone créé à la Knesset. VIDEO DE SON DISCOURS EN HEBREU A LA KNESSET.

Cette prise de position courageuse, qui va à l’encontre de l’esprit et de la discipline de la formation politique, a provoqué des remous. Dans son allocution, du haut de la tribune, Yoni Chetboun a clairement expliqué sa prise de position. Pour cela, il a tenu à énumérer avant tout les noms des soldats qui ont combattu, au prix de leur vie, pour défendre leur pays. Tout cela au nom du précepte de la Tora : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

« Mais, a-t-il ajouté aussitôt, ce principe s’applique à tout le monde. Et j’ai vu ces derniers mois, lors des débats parlementaires, comment on parlait de façon humiliante du public harédi. Je n’ai pas pu supporter cette approche et ce désir obsessionnel de leur ‘rentrer dedans’ ».
 
Mais Chetboun tient à ce que ses propos ne soient pas mal interprétés. C’est pour cette raison qu’il a ajouté : « Que ce soit clair, mes amis : en tant qu’officier et commandant de Tsahal, je suis convaincu que les harédim seront obligés un jour d’admettre la valeur de la Mitsvah de servir dans les rangs de l’armée. Mais c’est là que vient la grande controverse concernant la Tora d’Eretz Israel qui reconnaît l’importance de la création d’un Etat sur notre terre. En tant que Juif, je pense et j’espère que l’élite laïque reconnaitra bientôt, elle aussi, la valeur de l’étude de la Tora et de l’identité juive de la terre d’Israël en acceptant la Mitsvah de l’amour du prochain ».
 
On l’a bien compris : ce qui dérange Yoni Chetboun, qui souhaite pourtant voir les orthodoxes accomplir leur service militaire, c’est que cette nouvelle loi ait pris un mauvais départ parce que résultant du sentiment antireligieux de partis comme Yesh Atid (de Yaïr Lapid) et Hatenouah (Tsippi Livni). Pour lui, il ne suffit pas de s’attacher à la nouvelle loi ; il faut s’intéresser au contexte dans lequel elle a été élaborée. Et il déplore que cette loi « ait signé la rupture totale avec le monde harédi ». 
 
Chetboun a ensuite parlé du conflit culturel qui opposait les citoyens et des nombreuses lois iniques appliquées dans le pays. « Voulons-nous un Etat juif ou un Etat de tous les citoyens ? » a-t-il demandé.
 
Dans son compte Facebook, le député a annoncé qu’il voterait contre la loi. Et de préciser : « La société israélienne est déjà trop divisée et parcellée. Je ne peux pas appuyer sur le bouton « Favorable »  sans penser aux conséquences de mon geste ».
 
« Il est vrai, poursuit-il, que mes collègues du Bayit Yehoudi ont fait un travail remarquable. Mais en même temps, les messages émis cette année par la coalition, son entêtement à vouloir infliger des sanctions pénales, cette vague de législation anti-juive qui est promue à la Knesset sous l’initiative de Yesh Atid doit cesser. C’est pour moi une question de morale et de valeurs ».
 
Et de conclure : « En tant qu’officier et combattant de Tsahal, qui ai perdu des camarades sur le champ de bataille, je défendrai mes principes et m’opposerai à cette tendance antireligieuse. J’aime la Tora, j’aime notre Etat, et j’accorde toute ma confiance à notre peuple. ‘Et tu aimeras ton prochain comme toi-même’ ».
 
Son discours est mal perçu dans sa formation politique et au sein des électeurs de Habayit Hayehoudi. Certains, qui lui reprochent de ne pas avoir respecté la discipline de son parti, ont déjà réclamé sa démission. L’avenir nous dira si Yoni Chetboun va continuer à exercer ses fonctions de député.
 
 

 
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