Qu’a-t-il entendu qui l’ait incité à quitter Midyan et à venir chez Moché ? Le partage de la mer et la guerre contre ?Amaleq, explique Rachi.
La division de la mer a été certainement le miracle le plus extraordinaire de toute l’histoire de l’humanité, fait observer Rav Eliyahou Lopian.
Selon l’enseignement de nos Sages (Mekhilta sur 15, 2), ce qu’a vu alors une simple servante a surpassé même les visions du prophète Ye?hezqel ! Il est donc fort compréhensible qu’un individu ayant entendu parler de ce prodige se soit précipité pour rejoindre les Hébreux.
Mais en quoi la guerre contre ?Amaleq a-t-elle pu constituer elle aussi une incitation à se rallier à eux ? D’autant que ce n’est visiblement pas la nature miraculeuse du triomphe qui a inspiré Yithro. Rachi affirme en effet explicitement que c’était « la guerre contre ?Amaleq » qui l’a motivé, et non « la victoire sur ?Amaleq ». Comment comprendre cela ?
La réponse nous est fournie par l’histoire récente . On a assisté après la Choa à un phénomène étrange : Beaucoup d’athées endurcis et cyniques se sont soudain découvert une foi en Hachem qu’ils n’avaient jamais possédée jusque-là. Le peuple allemand, dont on vantait la culture, s’est révélé comme plus barbare et plus sadique que les bêtes les plus sauvages.
Cela n’a pu se produire que parce qu’il n’y avait aucune crainte du Ciel. Dépourvue de foi en Dieu, la société ne s’est pas montrée supérieure à une jungle, milieu totalement inhumain. La Choa, en révélant ainsi la bestialité sous-jacente de l’humanité, a ramené les gens à une foi renouvelée en Hachem.
Cela correspond à ce qu’a voulu dire Rachi : La réflexion de Yithro l’a mené à la conclusion que, tout comme il avait entendu parler du partage de la mer, le monde entier en avait eu vent (voir Yehochou?a 2, 10). ?Amaleq en avait donc également été informé. Et il a pourtant aussitôt attaqué les enfants d’Israël.
Comment peut-on adopter une attitude si aberrante ? Celle-ci prouve à l’évidence, raisonna Yithro, que ?Amaleq ne possédait aucune foi en Hachem. D’où il ne suffit pas, conclut-il, d’entendre parler de miracles à distance.
Les effets produits par de telles informations sont, au mieux transitoires, et au pire inexistants. Voilà pourquoi il lui fallait se joindre aux enfants d’Israël, et ainsi développer et renforcer sa foi en Hachem sur une base solide et permanente.
Le Talmud (Zeva?him 116a) cite une opinion selon laquelle Yithro est venu parce qu’il avait entendu parler du don de la Tora.
Pourquoi a-t-il attendu jusque-là ? s’interroge Rav Moché Feinstein. Que dire des innombrables miracles qui en ont précédé la promulgation, comme les plaies d’Egypte, le partage de la mer, et ainsi de suite ?
Avant le don de la Tora, répond ce Maître, Yithro continuait de croire que les miracles résultaient d’actes de sorcellerie, de pures coïncidences, etc. En effet, les incroyants trouvent toujours des explications aux accomplissements de Hachem !
Mais après avoir entendu parler de la Tora, il a compris avec une sagesse rétrospective que tous les miracles précédents, loin de découler d’interactions magiques ou astrales, étaient les manifestations de la Toute-puissance du Créateur, qui modifiait les lois de la nature à l’avantage des enfants d’Israël. Lorsque Yithro est venu, sa démarche procédait donc effectivement de tous les miracles qui avaient eu lieu.