En Israël, le débat sur l’enrôlement des étudiants de Yechivot n’est pas nouveau. Il est régulièrement relancé mais il semble que personne ne trouve de solutions qui satisfassent tout le monde.
Il s’agit, rappelons-le, de respecter les convictions des jeunes gens orthodoxes qui considèrent que leur devoir se trouve dans l’étude de la Tora à laquelle ils s’adonnent sans compter. Et d’un autre côté, de faire accepter aux autres ce principe qui n’a rien d’évident pour un certain nombre d’Israéliens.

Au départ, lors de la création de l’Etat d'Israël, un accord avait été conclu entre Ben Gourion et les leaders du monde harédi de l’époque, pour que les jeunes des Yechivot puissent reporter la date de leur incorporation tant qu’ils se consacreraient à plein temps à l’étude de la Tora. C’est ce qui s’appelait « Torato Oumanouto ». Au cours des années, avec le développement du monde harédi et sa croissance naturelle, le nombre des bénéficiaires de cet arrangement n’a cessé d’augmenter et il concerne aujourd’hui plus de 40 000 personnes.

Comme on le sait, certains milieux acceptent difficilement ce qu’ils considèrent comme un traitement de faveur et des discussions assez houleuses reviennent régulièrement, avec des tentatives de part et d’autre de régler le problème à l’amiable.

Après la Loi Tal, adoptée en 2002, qui a tenté de fixer de nouvelles normes dans ce domaine, on parle à présent des conclusions de la commission Plessner, du nom d’un député du parti Kadima qui a présenté ses propres recommandations. Le parlementaire propose notamment d’enrôler, jusqu’en 2016, près de 80 % des Harédim pour une durée de deux ans et d’imposer une amende de 7 500 shekels aux réfractaires. Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, que la plupart des jeunes juifs qui refusent de faire leur service militaire n’appartiennent pas au monde orthodoxe mais se trouvent dans le milieu laïc.

Le rapport de la commission Plessner, qui prône « l’égalité dans la répartition des charges », a été publié ce mercredi malgré les crises de ces derniers jours qui ont incité le Premier ministre Netanyahou à annoncer la dissolution de cette commission.
  
Netanyahou a admis que « la commission Plessner contenait des principes importants. Cependant, a estimé le Premier ministre, cette affaire nécessite des solutions plus réalistes que de proposer d’insérer les Arabes dans le service civil.
 
Il s’agit en fait d’une question purement politique et Netanyahou a l’intention de la régler en présentant à la Knesset une proposition de loi concernant à la fois les Harédim et les Arabes, permettant une « répartition équitable des charges ». Il reste maintenant à organiser des pourparlers avec les membres de la coalition et de fixer un rendez-vous avec le nouveau chef du parti Kadima Shaoul Mofaz qui a rejoint récemment le camp de Netanyahou.
 
Au sein de Shass, parti orthodoxe séfarade partenaire du gouvernement, on semble prêt à accepter les principes de base émis par la commission Plessner afin d’éviter la crise politique qui s’annonçait. Toutefois, on demande que soient révisés certains chapitres concernant par exemple les sanctions personnelles prévues contre les Bahourei Yechiva récalcitrants.
 
Dans ce contexte tendu, il est bon de rappeler les positions des rabbanim orthodoxes. Le leader de la communauté harédith lituanienne, le Rav Aaron Yehouda Leib Steinman, a déclaré qu’il n’envisageait aucun compromis concernant l’incorporation au sein de l’armée des étudiants de Yechivot. Dans une lettre qu’il a publiée dans le journal Yeted Neeman, le Rav Steinman affirme « qu’il ne faut renoncer à aucun bahour yechiva ».
 
Il ajoute : « C’est par le mérite de la Tora et de ceux qui l’étudient que le monde subsiste. Et nous avons l’obligation de donner à chacun d’entre eux la possibilité de continuer ». Et il termine en appelant à œuvrer « pour soutenir tous ceux qui se consacrent à l’étude de la Tora en Terre sainte ». Le Rav Steinman a reçu en début de semaine la visite de députés de Yaadout Hatora (parti orthodoxe ashkénaze également membre de la coalition), venus le consulter sur cette question épineuse.
 
Par le passé, le Rav Steinman avait approuvé la formation de l’unité du Nahal Harédi, afin d’y faire incorporer les jeunes de familles orthodoxes qui quittaient les yechivot. Mais il est clair qu’il n’acceptera à aucun prix l’idée d’un enrôlement général.