Yves Criou est officiellement reconnu comme nouveau Juste parmi les Nations par le mémorial de la Shoah de Yad Vashem. Cette médaille décore, souvent à titre posthume en raison du temps de l'enquête, les hommes et femmes qui ont, au péril de leur vie, protégé des Juifs sans recevoir de contre-partie financière.

« En honorant ceux qui ont refusé de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l´idéologie nazie, la médaille des Justes contribue à rétablir l´Histoire dans sa vérité », a écrit Simone Veil.

Le 22 mars 2011, la Commission pour la délégation des Justes parmi les Nations de Yad Vashem a décidé de reconnaître un nouveau français comme Juste parmi les Nations.

La Cérémonie d’attribution du diplôme et de la médaille s’est tenue dans la matinée de ce dimanche 30 octobre à Yad Vashem, le mémorial israélien du Souvenir des martyrs et des héros de la Shoah.

Cette cérémonie posthume honore M. Yves Criou, décédé le 14 septembre 1981, pour avoir sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale.

« A la mi-mars 1944, la police arrive à la maison d’Yves et de Lisette Criou, où se cachent aussi les membres juifs de la famille. La concierge de l’immeuble est interrogée à propos des juifs qui s’y cachent. Elle répond qu’il n’y en a pas. La police s’en va aussitôt et la concierge prévient Yves. Celui-ci rassemble la famille et accompagne tout le monde à Bougival, dans la banlieue ouest de Paris, avant de louer un appartement. Afin de pourvoir répondre aux besoins de la famille, Yves arrange dans la cave un atelier de réparation d’appareils radio. Quelques mois plus tard, les forces alliées débarquent en France et Paris est libérée », explique la famille.

Lors de cette cérémonie lui rendant hommage, l’ambassadeur de France en Israël, M. Christophe Bigot, le survivant, Philippe Klejtman, la famille et les amis, ont exprimé leur joie de le voir récompensé.

En recevant pour leur père le diplôme d'honneur ainsi que la médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier », Françoise Criou et Reuven Kagan étaient très émus. Cela fait bien longtemps qu’ils attendaient cet évènement.

Pour eux il s’agit d’un « devoir de mémoire » envers leur père qui était « un homme bon avec de vraies valeurs et une éthique très humaine. Il est bon de savoir qu’il y a toujours des hommes et des femmes qui luttent pour les libertés individuelles et les différences. Merci à notre père de nous avoir sauvés, sans lui nous ne serions pas là aujourd’hui », ont-ils confié.

M. Philippe Klejtman a, quant à lui, insisté sur le fait que « cet homme a voué sa vie à sauver son entourage » et « c’est une fierté pour lui et sa famille », a-t-il ajouté.

Enfin, c’est à M. Bigot qu’est revenu l’honneur de clore la cérémonie en dévoilant le nom d’Yves Criou gravé auprès des autres sur la pierre des Justes de France.

« Je suis heureux de rendre hommage à ceux qui ont permis à la France de retrouver son honneur. Yves a été l’un de ces hommes avec modestie et naturel », a-t-il déclaré avec beaucoup d’émotion.

« Grâce à un long travail de ses enfants, il a aujourd’hui son nom gravé à Yad Vashem et à Paris, comme Français Juste parmi les Nations. Yves serait très fier de cette cérémonie. C’est un bel hommage pour cet homme qui est parti il y a déjà 30 ans. Il est de ceux qui ont lutté contre la barbarie et rendu une certaine dignité à notre pays », a conclu l’ambassadeur. Par Laure Onno [Source: Guysen.com)