Le Grand Rabbinat israélien ne s’oppose plus à la création d’une instance nationale qui gérerait les surveillants ès cacherouth. Et ce, afin de lutter contre les fraudes rendues possibles par le système actuel.
En 2008, le rapport annuel du Contrôleur de l’Etat révélait de graves irrégularités financières en matière d’organisation de la surveillance de la cacherouth telle qu’elle était pratiquée par plusieurs conseil religieux en Israël. Ainsi, dans une ville, le rabbin recevait environ un million et demi de shekels que lui versaient des chefs d’entreprises du secteur alimentaire, somme qu’il distribuait, par la suite, aux machgui’him qu’il nommait lui-même. Un exemple isolé ? Le même rapport mentionnait aussi un conseil religieux employant vingt-trois membres d’une même famille dans son service de cacherouth. Et dans certains cas, c’était lesdits membres de la même famille qui surveillaient leurs proches… voire qui se surveillaient tout seuls !
« Cette loi va être une
véritable révolution »
Ces petits scandales et bien d’autres avaient incité le député Otniel Schneller (Kadima) à présenter un projet de loi pour remédier à la situation. A l’époque, le Grand Rabbinat d’Israël avait fait connaître son désaccord concernant cette initiative. Mais, cette opposition appartient au passé puisque le même Grand Rabbinat a fait savoir, tout récemment, qu’il n’avait plus d’objection à la création d’une autorité au niveau national, autorité qui s’occuperait des surveillants es cacherouth, remplaçant dans cette tâche les conseils religieux locaux. Concrètement, selon le projet de loi soutenu à l’heure actuelle par vingt cinq députés, cette nouvelle autorité serait subordonnée aux services du ministère des Cultes et superviserait trois fournisseurs de main-d’œuvre qui auraient été sélectionnés après appel d’offres. Ils seraient chargés d’engager des machgui’him qui, ne dépendant plus des commerces ou des usines qu’ils surveillent, pourraient ainsi échapper aux éventuelles pressions de leurs employeurs.
Or, cette approche a un prix : usines et commerces demandant à être certifiés cachers devront très probablement payer une contribution rendue plus onéreuse par le recours à des prestataires privés. Certes. Mais, répliquent O. Schneller et ses partisans, ce surcroît de dépenses sera compensé par l’argent des paiements illégaux versés aux surveillants ès cacherouth afin que ceux-ci ignorent les irrégularités et espacent leurs visites.
Le député de Kadima se montre optimiste quant à l’avenir de son projet de loi. « Après le long processus par lequel nous sommes passés, je pense que la loi va être adoptée malgré une possible objection du ministère des Finances. Et ceci va être une véritable révolution dans les services de la cacherouth en Israël ».
Catherine Garson en partenariat avec actualité Juive