Parachath Vayichla’h– « Religion, que de crimes on
commet en ton nom »
L’histoire a connu de multiples guerres de religion, et nous assistons
actuellement à travers le monde à l’exacerbation d’un
fanatisme religieux, plus porté que jamais aux pires violences ad majorem
Dei gloriam. L’amour de Dieu est devenu chez les hommes une incitation
aux plus terribles des déchaînements.
A considérer notre propre histoire, elle ne nous a pas toujours soustraits
à la tentation de la violence homicide au nom d’une spiritualité
mal comprise.
C’est ainsi que le meurtre d’Abel par Caïn, selon une thèse
émise dans la Midrach, a eu des causes purement religieuses :
« Rabbi Yehochou‘a de Sakhnin a enseigné au nom de rabbi Lévi
: [Caïn et Abel] se sont approprié l’un comme l’autre
les terrains et les biens mobiliers. Et quelle a été l’origine
de leur conflit ? L’un a dit : “C’est sur mon sol que sera construit
le Temple !”, et l’autre a dit : “C’est sur mon sol que
sera construit le Temple !” […] Caïn s’est alors dressé
contre son frère Abel et l’a tué » (Berèchith
rabba 22, 7).
De même la sanglante expédition punitive, que raconte notre paracha,
organisée par Siméon et Lévi contre Chekhem. Si «
les enfants de Jacob ont répondu à Chekhem et à ‘Hamor,
son père, avec ruse », c’est parce qu’il « avait
souillé Dina leur sœur » (Berèchith 34, 13).
Cette ruse, explique Chabtaï ben Yom tov, l’auteur de l’ouvrage
Hamiqra ki-pechouto, tient à ce qu’ils se sont donné une
permission halakhique leur permettant d’assouvir leur désir de vengeance.
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Haftarath parachath Wayichla‘h – La revanche de Jacob sur Esaü
La haftara de la parachath Wayichla‘h est constituée, selon le rite
séfarade, mais aussi dans beaucoup de synagogues achkenazes, par le chapitre
unique du livre du prophète ‘Ovadia.
La paracha nous montre un Jacob en position de faiblesse par rapport à
son frère Esaü. Il appelle celui-ci son « seigneur »
(Berèchith 32, 5) tandis qu’il se présente à lui comme
son « serviteur » (32, 19). Et il utilise toutes sortes de faux
fuyants pour décliner son invitation à voyager de concert avec
lui.
La haftara nous annonce, en revanche, qu’un jour viendra où Jacob
aura la force et le courage d’attaquer de front Esaü et de lui faire
payer sa conduite haineuse et si peu fraternelle à son égard.
En vérité, le sort prévu pour Edom dans ce texte n’est
pas prédit aux seuls descendants d’Esaü, mais à tous
ceux, quels qu’ils soient, qui entourent Israël de leur haine et de
leur inimitié et qui, de ce seul fait, sont les fils spirituels d’Edom.
Jacob a su remporter la victoire sur un être céleste et obtenir
la bénédiction de celui qui était venu l’attaquer
et attenter à sa vie. Devenu Israël, il saura encore bien mieux,
avec l’aide de Hachem, vaincre tous les « Esaü » qui en
veulent à son existence et ne peuvent supporter de voir un frère
évoluer et être heureux à côté de son frère
(D’après le rabbin Jean SCHWARZ, Le livre des Haftarot).
Jacques KOHN.