On le sait : la Torah qualifie
Ichmaël de « Péré
Adam », littéralement :
« l’homme sauvage » (Béréchit,
16, 12).
En réalité, ces deux
qualificatifs sont l’expression
de deux dimensions fondamentales
caractérisant le premier
fils d’Avraham Avinou.

La première – « Adam » – souligne
précisément le fait qu’Ichmaël
étant fils du patriarche, il
conserve en lui la trace de cette
haute dimension propre à Adam
HaRichon et qui n’est autre que
le Tsélem Elokim. Pour cette
même raison, son nom propre
exprime le fait que D.ieu l’a entendu
alors qu’il mourait de soif
dans le désert, comme il est dit à
deux reprises : « Car D.ieu a entendu
ton affliction » (Béréchit,
16, 11), et aussi « Car D.ieu a
entendu la voix de l’enfant là où
il est » (Béréchit, 21, 17) – ce qui
souligne que la prière des « Bné
Ichmaël », ses descendants, est
écoutée par le Tout puissant.
Qu’ayant ainsi hérité d’Avraham
la puissance de la parole
qui s’associe chez lui à une
totale annulation de soi, Ichmaël
semble être, dans sa totale
adhésion (Dvékout) à D.ieu,
éternel !

Pourtant, là où ses forces lui
font défaut, c’est précisément
quand Ichmaël se lève, c’est-àdire
quand il quitte sa relation
privilégiée avec le Créateur
et qu’il a affaire au monde des
autres hommes. Car alors qu’on
s’attendrait à ce qu’il fasse désormais
rayonner autour de lui
les sommets déjà atteints dans
la spiritualité, qu’il dévoile la
Présence divine au coeur même
des comportements élémentaires
et quotidiens de l’existence, c’est
en fait tout le contraire qui arrive
: Ichmaël est « sauvage » ! Il
se ferme à toute communication
au point où, comme l’indique
le verset, « Sa main [est] contre
tous » (Béréchit, 16, 12). « [A
l’instar des] bandits », écrit Rachi,
Ichmaël ignore, voire transgresse
délibérément la dimension sociale
inhérente à la nature
humaine !

C’est donc sur ce point précis
qu’il est donné à Israël de l’emporter
sur son « oncle » (voir
Rachi, Béréchit, 21, 17), notamment
lorsqu’il placera en
tête de ses préoccupations le
dévoilement de D.ieu dans les
dimensions les plus simples de
sa quotidienneté, comme l’enseigne
Hillel haZaken quand il
dit : « Ce que tu exècres, ne le
fais pas à autrui ! », (Traité talmudique
Chabbat, page 31/a).
Ce que Rachi commente ainsi :
« Comme c’est le cas de l’escroquerie
[Gnéva], du vol [Gzéla]
ou du libertinage [Niouf] »…
Y.RÜCK.
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