Malgré les massacres perpétrés contre sa population, le président syrien Bachar el Assad bénéficie à présent d’une indulgence inattendue de la part des Etats-Unis, prêts à oublier ses crimes et à entamer une nouvelle phase dans leurs relations depuis qu’il a accepté le contrôle de ses armes chimiques.
Il y a six semaines à peine, les USA menaçaient encore d’attaquer la Syrie et le secrétaire d’Etat américain John Kerry disait qu’Assad « figurait sur la même liste qu’Hitler et Saddam Hussein ».
A présent, Kerry a changé de ton, comme en témoignent ses propos tenus lors d’une conférence de presse avec son homologue russe Lavrov sur l’île indonésienne de Bali, en marge du sommet de la Coopération économique internationale pour l’Asie-Pacifique (APEC).
Il a en effet déclaré que « Washington et Moscou étaient très satisfaites des progrès réalisés dans la destruction des armes chimiques de la Syrie ». Kerry a estimé qu’il fallait « être reconnaissant envers le régime d’Assad pour sa rapide coopération ».
Il a toutefois précisé avec réserve : « C’est un bon début, que nous devons saluer, en espérant que cela va continuer. Mais je ne peux rien garantir aujourd’hui de ce qui se passera dans quelques mois ».
Ces prises de position s’alignent sur la nouvelle politique de « conciliation » adoptée par les Etats-Unis également à l’égard de l’Iran. Le président Barack Obama, rappelons-le, a décidé de privilégier pour le moment la voie diplomatique pour tenter de convaincre Téhéran de renoncer à son programme nucléaire.
Israël, de son côté, ne partage pas l’optimisme des Américains. Le Premier ministre Netanyahou l’a souligné, la semaine dernière, dans son discours devant l’Assemblée générale de l’Onu à New York, lorsqu’il a demandé aux nations du monde de « ne pas lâcher la pression sur l’Iran ».
Dans ce contexte, on peut signaler aussi le revirement de la Grande Bretagne qui se montre à son tour plus "indulgente" : le chef du Foreign Office William Hague a confirmé mardi que Londres et Téhéran avaient entamé des démarches sérieuses en vue de renouer leurs relations diplomatiques avec, à la clé, la réouverture de leurs ambassades.
Les liens entre les deux pays avaient été rompus en novembre 2011 lorsque des manifestants avaient investi l’ambassade britannique à Téhéran.