Un certain volcan

Ce phénomène naturel appelle pour ma part les
réflexions suivantes…

En premier lieu, dans toute la Torah, on voit bien que l’intervention de
Hachem dans le monde passe toujours par des phénomènes naturels.
L’illustration la plus parlante est celle de la Sortie d’Égypte : pour
faire sortir son peuple d’Égypte, Hachem aurait pu peut-être envoyer un
mal’a’h (un ange), ou bien faire apparaître une  » révélation  » devant le
pharaon afin de le convaincre de se soumettre. Or, qu’a fait le
Créateur ? Il a envoyé des plaies et des phénomènes naturels ! On peut
d’ailleurs noter à ce sujet une chose intéressante : une thèse d’origine
scientifique parue en 1988 tente de relier les miracles de la sortie
d’Égypte à des phénomènes naturels créés par l’intervention divine.

En d’autres termes, le message qu’un Juif est censé recevoir de tout
phénomène naturel, c’est que bel et bien Hachem en est à l’origine !

Maintenant, ce qui est pour nous fort interpellant dans l’affaire de ce
volcan, c’est comment après 3 300 ans depuis la Sortie d’Égypte, le
monde occidental – en dépit de toutes ses performances technologiques
dans tous les domaines – s’avère impuissant devant un tel phénomène
naturel… Les hommes devraient peut-être faire preuve à cette occasion
d’un peu d’humilité.

Essayons à présent de réfléchir un peu plus profondément aux
conséquences d’une telle situation.

Voici, selon moi, l’une d’elle…

Dimanche 18 avril a eu lieu l’inhumation du président polonais tué dans
un accident d’avion. Les présidents de quasiment tous les pays devaient
s’y rendre. Or, la plupart d’entre eux ont dû annuler leur voyage en
raison de cette d’irruption volcanique. Une chose qui n’est certainement
pas due au  » hasard  » : la Pologne ne méritait certainement pas un tel
hommage international…

Et puis toutes les autres implications et conséquences à un plan plus
individuel pour toutes ces personnes qui ont dû reporter voire annuler
leur voyage montrent bien qu’il est impossible de mesurer l’impact exact
d’un phénomène de ce genre !

Mais ce à quoi je veux en venir, c’est qu’il nous faut tous désormais
réaliser une chose : la précarité existentielle fondamentale dans
laquelle l’homme se trouvera toujours, et ce, même dans une période
extrêmement  » performante  » au niveau technologique.

Ceci expliquera pourquoi nous devons continuer, nous les Juifs, à faire
chaque fois systématiquement notre fameuse  » téfilat Hadere’h  » (la
prière pour le voyage) avec ferveur et ne jamais manquer de remercier
Hachem d’être arrivés à destination ! En un mot, il nous faut réaliser
que tout ce qui se passe dans le monde ne dépend que de Lui et que nous
n’en sommes pas toujours vraiment conscients…

Si chacun d’entre nous venait à en prendre sincèrement conscience, je
crois qu’au delà du phénomène purement  » naturel  » qui interpelle tant
les savants et qui pourrait peut-être rendre les hommes politiques plus
humbles, l’ensemble de l’humanité trouve ici l’occasion de se souvenir
qu’il y a un Maître du monde et que de temps à autre, Il tient à montrer
avec force qu’Il reste le Créateur et le grand Ordonnateur de cet
univers !

Pour Israël, cela peut paraître évidemment une chose incontestable. Mais
ma première réaction a été de souhaiter que les choses s’arrangent très
vite pour que les jeunes gens qui étudient dans les yéchivot d’Israël,
qui sont donc allés voir leur famille en diaspora pendant tout le moins
de Nissan, puissent réintégrer très vite la terre d’Israël, terre par
excellence de la Torah.

Tout cela est également l’occasion de rappeler la centralité d’Eretz
Israël, puisque pendant que ce phénomène continue (pour combien de temps
?) de se manifester juste avant Yom Haatsmaout, nous nous devons de
remercier Hachem pour tous les miracles qu’Il continue à faire tous les
jours pour nous, particulièrement au pays d’Israël !

Voila pourquoi dans le  » modim  » – ce passage de la prière de la Amida
que nous répétons à voix basse trois fois par jour -, quand l’officiant
parvient à ce passage, les fidèles se prosternent quant à eux pour
réciter le  » modim dérabanan  » dans lequel nous remercions Hachem du
fond du cœur pour tous les miracles qu’Il accomplit à chaque instant
pour nous, matin, midi et soir.

En fait, le monde est en soi un véritable miracle, mais qu’est-ce qu’un
miracle si ce n’est une chose qui arrive quand on en a justement besoin
!? La grandeur de la Torah doit être ici mise en exergue puisque Hachem
ne veut jamais écraser l’homme de Son Omnipotence et de Sa présence.
Mais au moment fatidique de la Sortie d’Égypte, ce qui a finalement
contraint le Pharaon à s’agenouiller devant l’évidence de ce projet
divin, c’est quand, à l’approche du dénouement de certaines plaies et
suite aux demandes insistantes du roi d’Égypte, Moché Rabenou fut
capable de s’adresser au Tout-Puissant en lui disant lui-même : « Ma’har
yiyé haot hazé [demain il y aura ce prodige de l’arrêt du fléau] ! ».

Aujourd’hui, tout  » grands  » et  » savants  » que nous prétendons être,
nous sommes vraiment incapables, nous les hommes, de dire ce qu’il
adviendra de ce volcan : quand son flot de cendres va-t-il s’arrêter et
comment le vent va-t-il souffler… ?

Il y a là une grande  » leçon de vie  » …