"Nous nous sommes fixé comme but de promouvoir la production d'oeuvres de Wagner, notamment à l'Opéra de Tel-Aviv, afin de mettre fin au boycottage d'un des plus important compositeurs du 19e siècle", a déclaré à l'AFP Me Livni, avocat à Jérusalem.
La Société wagnérienne israélienne a été admise au sein de la Fédération internationale des cercles Richard Wagner, basée à Hanovre (Allemagne), s'est félicité l'avocat.
Selon Me Livni, il n'existe pas d'interdiction officielle de jouer Wagner en Israël, mais les orchestres israéliens refusent d'inscrire à leur répertoire les oeuvres du maître de Bayreuth.
Les rares concerts où ses oeuvres ont malgré tout été jouées ont déclenché des polémiques, comme en juillet 2001, lorsque le chef israélien Daniel Barenboïm a dirigé à Tel-Aviv un extrait de "Tristan et Iseult" à la tête du Staatsoper de Berlin.
"Wagner était un antisémite virulent, auteur d'écrits violemment antijuifs, et le fait que Hitler l'ait adulé explique le mythe totalement faux selon lequel les déportés allaient vers la chambre à gaz au son de la musique de Wagner", explique Me Livni, 64 ans, fils de déportés.
"Chopin, Liszt, Beethoven, Richard Strauss, Carl Orff étaient également antisémites, ce qui ne les empêche pas d'être joués en Israël. Un opéra qui refuse de jouer Wagner et se contente de Verdi ne peut que s'appauvrir", plaide-t-il.
La Société wagnérienne israélienne, lancée par dix membres fondateurs, compte déjà une centaine d'adhérents, "tous mélomanes avertis".
"Nous avons reçu un message enthousiaste d'Eva Märtson, la présidente de la Fédération internationale des Cercles Richard Wagner, qui a confirmé notre adhésion immédiatement", se réjouit Jonathan Livni.
Une autre initiative est venue apaiser le mois dernier les relations tempétueuses entre Israël et Wagner: l'annonce que l'Orchestre de chambre d'Israël se produirait pour la première fois à Bayreuth en juillet 2011, en marge du célèbre festival annuel consacré à l'oeuvre de Wagner.
Selon Katharina Wagner, arrière-petite-fille du compositeur et co-directrice du festival de Bayreuth, qui parraine la venue de l'orchestre israélien, ce concert va apporter "une contribution éminente dans le cadre du rapprochement entre nos deux pays".
"Je suis reconnaissante de ce signal fort et positif de la part d'Israël, avec la venue d'un orchestre public en Allemagne et à Bayreuth qui inclut une pièce de mon arrière-grand-père à son programme", a-t-elle souligné.
Mais certains désapprouvent fortement une possible réconciliation entre Israël et le créateur de la Tétralogie.
Uri Hanoch, dirigeant d'une organisation de survivants de l'Holocauste et membre du conseil d'administration de l'Opéra d'Israël, a dénoncé dans le quotidien Yedioth Aharonoth toute initiative pour faire jouer Wagner en Israël.
"Il est vrai que Wagner n'est pas le seul compositeur antisémite (…) Mais il a avili le peuple juif et voulait son extermination. Wagner était un antisémite du même calibre que Hitler. Je le jure: Wagner ne sera pas joué ici", a-t-il averti.
source: AFP