Un ancien curé polonais qui n’a découvert que tardivement ses origines juives vient d’obtenir la nationalité israélienne. Jacob Weksler, 69 ans, était un prêtre catholique s’appelant Romuald Waszkinel. 

Il a appris un jour qu’il était en fait le fils de victimes de la Shoah qui l’avaient caché chez des voisins non-juifs pendant la Tourmente. Lorsqu’il a pris connaissance de ces détails, il a décidé de monter en Israël. Mais il a fallu un combat d’une dizaine d’années avant qu’il puisse enfin devenir citoyen du pays.
 
L’histoire de Jacob Weksler est incroyable. Alors qu’il n’était qu’un nourrisson, il a été confié par sa mère Batya Weksler, qui se sentait en danger, à Emilia Waszkinel, jeune femme polonaise épouse d’un ouvrier, qui n’avait pas d’enfant (elle a mis au monde une fille neuf ans plus tard).
 
Elevé par le couple, il a dû affronter l’antisémitisme dès l’âge de 5 ans. Traité de sale juif dans la rue du village où il vivait avec ses parents adoptifs, il s’est posé ses premières questions sur ses origines et c’est ce qui l’a décidé plus tard à entrer dans les ordres, ‘pour affirmer davantage encore son catholicisme’. Cette décision n’a d’ailleurs pas été approuvée par son père adoptif, mort prématurément d’une crise cardiaque à l’âge de 52 ans.
 
Jacob Weksler n’a découvert les horreurs de la Shoah qu’en 1968, étant donné que personne n’osait en parler à l’école ou dans son entourage. Alors qu’il poursuivait des études de philosophie à l’université de Lublin, il s’est demandé pour la première fois s’il ne pouvait pas être un enfant juif confié à des Catholiques. Il se sentait très proche des étudiants juifs chassés des universités lors d’une vague d’antisémitisme.
 
En 1975, sa mère s’est installée à Lublin et il a tenté progressivement d’en savoir davantage sur sa naissance. Mais elle a refusé de répondre à ses questions, ce qui l’a rendu encore plus sceptique. Jusqu’au jour où il lui a posé clairement la question et obtenu une réponse positive qu’elle lui a donnée en éclatant en sanglots.
 
Ce n’est que plus tard qu’il a su son véritable nom de famille. Il a aussi découvert que son père était tailleur et qu’il avait un frère du nom de Shmouel. Par la suite, il a appris que deux frères de son père vivaient en Israël. Il a décidé de faire le voyage et a fait la connaissance d’un de ses oncles, Juifs orthodoxe, qui l’a emmené à la synagogue et l’a couvert d’un talit avant de prier avec lui.
 
Après ce premier voyage, il a décidé d’adopter le prénom de son père, Jacob, et de retrouver l’âme du petit enfant juif qu’il avait été. Déchiré entre les deux mondes, il devait affronter un débat intérieur difficile. Jusqu’au jour où il a décidé d’émigrer en Israël et de suivre des cours d’hébreu dans un Oulpan. Mais n’ayant pas totalement renoncé à ses pratiques religieuses, il a suscité la suspicion et son attitude ambivalente n’a fait que retarder son intégration.
 
Il a par la suite obtenu le statut de résident temporaire, ce qui lui a permis de trouver un emploi aux archives du  mémorial de Yad Vashem où il a découvert un monde qu’il ignorait totalement. Finalement, ses démarches administratives, difficiles et douloureuses, ont abouti : Jacob Weksler est Israélien.