Rav Yéhochoua Zuckerman :
les victimes étaient des soldats de Hachem

Il y a un an, huit jeunes élèves de la yéchiva de Mercaz Harav étaient assassinés par un terroriste de Jérusalem-est. Parmi
les victimes, se trouvait le jeune Séguev Pniel Avi’haïl, zal, 15 ans, de Nevé Daniel, dans le Goush Etzion. Le grand-père de
Seguev, le rav Yéhochoua Zuckerman est une figure marquante de la communauté francophone d’Israël et l’un des dirigeants
de la yéchiva de Har Hamor à Jérusalem. À l’occasion de l’année de son petit-fils, le rav Zuckerman a accepté de répondre aux
questions de Hamodia.

Le rav Zuckerman nous a confié comment,
selon lui, il convenait d’appréhender
ce genre d’évènements à travers
le prisme de la émouna et comment la cible
choisie par nos ennemis, la fameuse yéchiva
de Mercaz Harav, prouvait très précisément
que les terroristes avaient parfaitement compris
que la force du peuple d’Israël résidait
dans sa Torah. Enfin, il a tenu à nous expliquer
en quoi et pourquoi ce terrible attentat
avait ébranlé les consciences et uni dans un
même élan, l’ensemble du peuple d’Israël.

– Hamodia : Comment réagit-on ou plutôt
comment devrait-on réagir lorsqu’une épreuve
de cette envergure vous frappe ?

– Rav Zuckerman : Tout d’abord il faut être
fidèle à l’axiome de base : celui de notre profonde
émouna, une foi qui nous permet de
comprendre que le peuple d’Israël est là pour
vivre, qui implique une émouna profonde
que le peuple d’Israël est là pour calquer ce
qui est divin dans tous les aspects de la vie
que ce soit le matériel, le spirituel ou le social.
Lorsque cet axiome est posé, on comprend
que tous les évènements sont dirigés
par Hachem car son règne englobe tout. Et
c’est ainsi que nous devons envisager notre
lecture de l’Histoire. Il en est de même avec
le conflit qui nous oppose aux Arabes.
Nous avons appris sur le mont Sinaï que tout
ce qui était saint, moral, et qui relevait des
idéaux, était concentré dans l’âme du peuple
d’Israël. Au niveau de la collectivité, chaque
Juif porte en lui l’ensemble des idéaux de
sainteté. Son histoire est la concrétisation de
la révélation de la Torah, de la morale que
D.ieu nous a transmise sur le mont Sinaï. Le
libre arbitre, ce privilège de pouvoir choisir
entre le bien et le mal, est le propre même
de l’individu. Et celui qui ne sera pas fidèle
à sa nature de peuple sera sanctionné. Chez
les nations, le mal est présent même dans
l’ensemble des individus. Ces deux voies
commencent dès la création du monde : la
Guémara nous enseigne que le « tohu-bohu
et les ténèbres qui couvraient la surface de
l’abîme » représentent les quatre exils tandis
que le « souffle divin qui planait à la surface
des eaux » représente l’esprit du Machia’h.
Si le peuple d’Israël décide de couronner
Hachem et de respecter Ses mitsvot, c’est
l’esprit du Machia’h qui régnera. Dans le cas
contraire, Hachem place immédiatement son
peuple sous le joug des nations, et à ce momment-
là, c’est le Mal qui règne et les guerres
se multiplient, les valeurs sont piétinées, les
idéaux sont réduits à néant, la sainteté de la
famille est bafouée…

Ce que nous avons vécu à Mercaz Harav, c’est
une nouvelle étape dans notre lutte pour notre
terre. Notre ennemi ne se contente plus
de nous contester la propriété de la terre
d’Israël, il comprend que le véritable champ
de bataille, là où tout se joue, est dans le Bet
Midrach, là où on étudie la Torah. Il lutte désormais
contre la Torah. Et c’est pourquoi il
a cherché ces jeunes innocents, qui vivaient
sous la tente de la Torah, qui se sacrifiaient
pour son étude, et les a assassinés. Il a voulu
frapper au coeur de la Torah, cette Torah qui
nous a conduits à revenir sur notre terre.
Mais en fin de compte, le sacrifice de ces enfants
n’a pas été vain car notre ennemi est
sorti affaibli de sa lutte contre la kédoucha.

– Vous voulez dire que ce massacre perpétré à
Mercaz Harav a affaibli nos ennemis ? Commment
est-ce possible ?

– Le combat que notre ennemi mène contre
tout ce qui est saint, contre la Torah, est en
fait un combat contre Hachem. Par conséquent,
il ne peut que perdre, que se perdre.

– Peut-on dire que le public sioniste-religieux
a été frappé plus particulièrement parce qu’il
représente – aux yeux de nos ennemis – cet
idéal ?

– Il est vrai que le monde Torani, qui revient
et vit sur sa terre, ce public qui est empli
de cet idéal, possède les forces de surmonter
la douleur qu’a suscité la perte de nos huit
enfants. C’est d’ailleurs ce que nous avons
constaté durant toute la période qui a suivi
l’attentat. Nous avons vu comment ont
réagi les parents, nous avons vu comment
ont réagi les dirigeants de la yéchiva : avec
grandeur, avec puissance, avec courage.

– Cette épreuve qui vous a si durement touché,
est-elle tout aussi individuelle que collective
?

– Les victimes étaient des « soldats de Hacchem
». Le soldat d’Israël porte l’arme de
son peuple, il est le bras armé délégué par
le peuple. Il n’est plus un individu, il est
chalia‘h tsibour. C’est ainsi que je conçois
cette épreuve.

– Avez-vous le sentiment que le massacre
perpétré au Mercaz Harav a eu une influence
sur le grand public israélien ?

– Et pas seulement israélien ! Il suffit de voir
le nombre de lettres que les familles des victimes
ont reçues durant l’année écoulée, en
provenance des quatre coins du pays mais
aussi du monde entier. Des lettres de condoléances,
de soutien, d’admiration… Ce qui
s’est passé a ébranlé toutes les personnes dotées
d’un tant soit peu de sensibilité.
Je dirais même plus : je crois que ce qui s’est
passé est pour beaucoup dans le sentiment
très fort d’unité que nous avons ressenti durant
la dernière opération militaire à Gaza.
30 000 soldats ont été appelés et, dans le
camp militaire qui les abritait juste avant
l’entrée dans Gaza, des centaines de minyan
nim ont été organisés ! Les soldats sont partis
au combat au son du chofar et en récitant
des versets des Psaumes de David !

Et ce que je vous raconte n’est qu’une partie
infime de tous les moments d’élévation
spirituelle qui ont eu lieu alors que nos
soldats étaient au front. Tout le monde sait
que nous assistons à des centaines de cas
de retour vers la Torah ! Le peuple d’Israël
monte constamment de niveau… Je ne crois
pas qu’il y ait jamais eu une telle éclosion
de Torah en terre d’Israël durant toute notre
histoire ! Le retour vers la Torah : c’est la définition
même de la techouva…

Propos recueillis par Laly Derai


Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française

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