Tsahal : même les gens qui ne connaissent pas Israël, connaissent le nom de son armée. Certes, Israël, malgré sa courte histoire a été confronté à plusieurs guerres qui ont mis sur le devant de la scène cette armée peu ordinaire, qui a dû faire face à des situations exceptionnelles.


Qui ne pense à sa victoire fulgurante lors de la guerre des Six Jours en 1967 ou à la situation critique qu’elle a dû affronter en 1973 sur le Golan pendant la guerre de Kippour ? Mais cette armée, c’est avant tout l’armée du peuple d’Israël, avec ses milouim, les liens indéfectibles qui se tissent pendant les trois ans passés sous les drapeaux avant que les jeunes Israéliens puissent penser à l’université. C’est aussi le lieu de rencontres entre des Israéliens de milieux différents, de tendances religieuses diverses. C’est aussi la fierté de la diaspora.


Bras armé : Tsahal, miroir de la société israélienne
De quel autre pays au monde connaît-on aussi bien le nom de son armée ? Bien plus qu’un simple corps militaire, Tsahal est un des symboles de l’Etat d’Israël, connu internationalement. De sous-équipée à ses débuts en 1948, elle est devenue une armée ultramoderne, à la pointe de la technologie. Celle que l’on considère comme l’une des meilleures armées au monde véhicule de nombreux préjugés. Entre mythe et réalité, décryptage de l’armée de défense d’Israël.

Il faut remonter à la création de l’Etat d'Israël pour expliquer et comprendre l’importance de Tsahal dans la construction du pays. En hébreu, Tsahal est l’acronyme de Tsva Haganah Le-Israel (Armée de défense d'Israël). Elle a été fondée le 28 mai 1948 quand David Ben Gourion, alors chef du premier gouvernement de l’Etat d’Israël, publia une ordonnance qui officialisait la création de l’armée, laquelle absorba immédiatement les quatre principales organisations paramilitaires juives : la Haganah, le Palmah, l'Irgoun et le Lehi. Depuis, l'armée joue un rôle essentiel compte tenu des nombreuses guerres qui ont secoué le pays en soixante-trois ans. Ses objectifs n’ont pas varié : ils restent la défense de l'Etat d'Israël, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale ainsi que la dissuasion et la lutte contre toutes les formes de terrorisme qui menacent la vie quotidienne de sa population.
Et si Tsahal est avant tout une armée de citoyens attachés à la défense de leur pays, elle a également apporté une contribution décisive au développement de la technologie ou de l’agriculture israéliennes durant les premières années de l’Etat. Ses commandos et ses unités d’élite qui ont fait sa réputation et qui suscitent autant l’admiration ne sont que la pointe avancée d’un dispositif d’ensemble auquel chaque Israélien se doit de participer. Davantage que n’importe quelle autre armée au monde, Tsahal est représentative de la société israélienne qui la compose.
En effet, tout citoyen israélien âgé de 18 ans révolus et déclaré apte est tenu d’effectuer trente-six mois de service militaire obligatoire. Les Israéliennes servent quant à elles spendant vingt-et-un mois, sauf si elles sont enceintes, mères d’un enfant ou mariées. Concernant la religion des citoyens israéliens, ce service militaire est obligatoire pour les Juifs et les Druzes, mais pour des raisons dites historiques (selon le site officiel de Tsahal), la population arabe, qu’elle soit musulmane ou chrétienne n’est pas tenue de passer sous les drapeaux.

Contrairement à une idée reçue accréditée par le fait que les Juifs orthodoxes peuvent être dispensés d’armée, « les religieux dans Tsahal sont en général pour les Kippot Srugot (religieux sionistes) surreprésentés dans les unités combattantes. Par exemple dans les cours d'officier, il y a en moyenne 40 à 45 % de religieux alors que leur proportion dans la population est de 15 % environ », explique Michael Bar-Zvi, professeur à l’Institut Levinsky de Tel-Aviv qui s’est intéressé à la question bien qu’aucune information précise ne filtre de Tsahal à ce sujet. Et de préciser qu’il « existe plusieurs unités uniquement composées de Haredim (orthodoxes) comme le Neetzer Yehuda ou encore un projet mis en œuvre depuis quatre ans appelé Shakhar qui mobilise environ un millier de Haredim principalement dans l'armée de l'Air et pour des tâches techniques et logistiques ».

Quant aux officiers, à l’image de la société israélienne, « ils viennent de toutes les couches de la population » assure M. Bar-Zvi. « En ce qui concerne la répartition communautaire, il y a eu ces dernières années des chefs d'état-major de toutes origines. Par ailleurs, depuis une trentaine d'années, la plupart des généraux sont nés en Israël. L'actuel chef d'état-major est issu d'une famille de Pologne, sa mère est rescapée des camps. Gabi Ashknenazi a quant à lui des origines bulgares et Shaul Mofaz des ascendances iraniennes. Parmi les officiers supérieurs d'aujourd'hui, le général Azencot commandant la région nord est d'origine marocaine. Certains sont des citadins comme Dan Haloutz tandis que d'autres ont été élevés dans des kibboutzim comme le commandant actuel de la région sud Tal Rousso ». L'armée demeure aussi un vecteur important de l'intégration des nouveaux immigrants comme le confirment les nombreux officiers issus des alyahs en provenance de l'ex-URSS ou d'Ethiopie. Par ailleurs, les leaders politiques sont majoritairement d'anciens cadres de l'armée.
Enfin, les dirigeants israéliens mettent souvent en avant l'éthique particulière à laquelle est soumise l'armée. Israël, Etat démocratique à l’armée égalitaire ? Assurément. Les soldats qui composent les trois corps de Tsahal (Terre, Air, Mer) sont placés sous un commandement unifié dirigé par le chef d'état-major ayant le grade de général en chef responsable devant le ministre de la Défense. Sauf pour les opérations militaires, hommes et femmes servent côte à côte en tant que techniciens, spécialistes des communications et des renseignements, instructeurs, cartographes, personnel administratif, informaticiens, médecins, juristes, etc. En matière de parité, il faut souligner que le nombre de jeunes filles servant dans des unités combattantes est de plus en plus élevé. (Source Actualité juive)