« Nos locaux étaient dans une telle situation que si nous n’avions rien fait, il aurait fallu fermer dans dix ans », expliquait en juin 2014 à Actualité Juive Charles Aïdan, le président de la communauté juive locale.
En 2010, en effet, en raison de la vétusté des lieux et pour des questions de sécurité, il était impératif de sécuriser la façade sur rue et de protéger les bâtiments – qui appartiennent à la communauté depuis les années 1960 – au niveau des toitures et des façades intérieures. Mais rapidement, un projet architectural et culturel autrement plus ambitieux a vu le jour. Un projet résumé en ces termes par Delphine Yague, membre de la communauté et organisatrice de cette journée d’inauguration à laquelle participaient notamment le grand rabbin Haim Korsia, le président du consistoire Joël Mergui et le maire de Troyes François Baroin : « Rendre hommage à Rachi en lui redonnant sa maison dans sa ville natale pour accueillir tous ceux qui viennent à Troyes sur les traces du grand maître. » L’actuel synagogue est située à quelques centaines de mètres de celle où priait et étudiait Rachi au XIe siècle.
Un espace métamorphosé
René Pitoun, vice-président de la communauté et professionnel de la restauration d’immeubles Renaissance n’a pas économisé ses forces pour superviser ces travaux qui se sont étalés sur cinq ans, ont coûté 1,8 million d’euros (financé essentiellement par la fondation Safra et par les collectivités territoriales), solliciter la présence d’une centaine d’ouvriers et artisans de trente-cinq entreprises différentes… le tout en tenant compte d’obligations architecturales importantes – les bâtiments étant situés dans le secteur sauvegardé dit des « Bouchons de Champagne ». La métamorphose de ce dédale labyrinthique de 2000 m 2 est spectaculaire : la synagogue est désormais dotée d’une magnifique verrière, les cours intérieures et le premier étage, naguère impraticables, sont aujourd’hui embellis et utilisables. La minutieuse reconstitution d’un oratoire et d’une salle d’étude du XIe siècle offre aux visiteurs un voyage dans le temps.
« Les autres communautés de Champagne comme Châlons ou Vitry-Le-François disparaissent, a affirmé Charles Aïdan. On s’est dit : une seule chose peut nous sauver, nous, communauté de Troyes, c’est l’ouverture sur l’extérieur. Et quel meilleur atout que ce personnage emblématique de Rachi ? » Cette nouvelle vie donnée à l’espace communautaire permettra-t-elle de redynamiser cette communauté déclinante qui ne compte plus guère que quelques dizaines de familles ? L’avenir le dira. En attendant, les énergies juives locales sont accaparées par la prochaine grande tâche : la mise sur pied d’un musée dédié à Rachi dont l’ouverture est prévue pour la rentrée 2017.
Par Nathan Katz pour Actualté Juive