Qu’ils prennent pour Moi une portion?(25, 2)
Nous lisons dans le premier livre de Melakhim (5, 16-19) : « Chelomo envoya dire à ?Hiram : « Tu sais que David, mon père, n’a pas pu bâtir une maison pour le Nom de Hachem, son Dieu, à cause de la guerre qui l’a entouré? Et voici, j’ai résolu de bâtir une maison pour le Nom de Hachem, mon Dieu, ainsi que Hachem a parlé à David, mon père, disant : Ton fils qui te succédera sur ton trône, il construira, lui, une maison pour Mon Nom. » »
Afin de préserver l’honneur de David, explique le Radaq, Chelomo a donné à ?Hiram l’impression que son père avait décidé de son propre mouvement de ne pas construire la Maison de Hachem en raison des nombreuses batailles qu’il avait menées pendant son règne. Or, c’est Hachem, en réalité, qui l’avait empêché d’édifier le Temple, parce que ses mains étaient souillées par le sang de la guerre.
Rav ?Hayim Shmulevitz examine attentivement la version que Chelomo a livrée à ?Hiram. Elle semble indiquer que David n’avait pas pu construire le Sanctuaire parce qu’il était trop occupé à faire la guerre. Or, une telle explication n’est absolument pas défendable, l’Ecriture affirmant explicitement (II Chemouel 7, 1) : « Et quand le roi habita dans sa maison, et que, tout autour, Hachem lui eut donné du répit de tous ses ennemis? » Indiscutablement, David aurait donc eu l’occasion de construire le Temple, et ?Hiram le savait certainement.
Mais il ne savait sûrement pas que Hachem Lui-même avait retenu la main de David, ce que Chelomo a passé sous silence par respect pour son père. Il est toutefois peu probable qu’il lui ait livré une explication dont ?Hiram soupçonnerait aussitôt qu’elle était fausse. Qu’a-t-il alors voulu lui dire ?
Une des armes les plus efficaces de notre arsenal était la prière dans le Temple.
Comme le rappelle le Midrach (Esther Rabba 7, 13), l’infâme Haman a dit : « Quand ils se préparent pour la guerre, ils entrent dans le Temple? et quand ils en sortent, ils assassinent et détruisent tout ce qui leur fait obstacle. » De fait, le jour où le Beith Miqdach a été inauguré (I Melakhim 8, 44), Chelomo a prié à cette fin : « Lorsque Ton peuple sortira pour la guerre contre son ennemi, par le chemin par lequel Tu l’auras envoyé, alors ils prieront Hachem, en se tournant vers la ville que Tu as choisie et vers la maison que j’ai bâtie pour Ton Nom. »
C’est ce que Chelomo a voulu dire à ?Hiram. Hachem enjoint dans ce verset : « Qu’ils prennent pour Moi une portion », « pour Moi » signifiant, selon Rachi : « pour Mon Nom ». La moindre tâche pour la construction du Michkane a dû être déployée « pour Hachem » et pour aucune autre raison quelle qu’elle fût.
Assurément, David n’aurait pas pu édifier le Temple avec une intention aussi exclusive. Comme chef militaire constamment aux aguets, la perspective de la guerre n’a jamais été éloignée de ses préoccupations, même quand il bénéficiait d’une période d’accalmie. La puissance détenue par la prière dans le Temple aurait été pour lui un immense soutien pour ses campagnes militaires.
Or, cela signifie qu’il aurait retiré un intérêt personnel, quoique minime, de sa construction. Puisque ses efforts n’auraient pas été exclusivement pour Hachem, il aurait été inopportun qu’il entreprenne un tel projet.
Cette idée se retrouve dans le verset (I Divrei ha-Yamim 28, 3) : « Dieu me dit : « Tu ne bâtiras pas une maison à Mon Nom, car tu es un homme de guerre et tu as versé le sang. » » Or, un homme de guerre ne verse-t-il pas nécessairement du sang ? Cette formulation s’éclaire cependant à la lumière de ce que nous venons de voir. Hachem a voulu dire à David que son inaptitude à construire le Temple était double.
D’abord, ses mains étaient souillées par le sang qu’il avait versé. Mais aussi, les nombreuses guerres qu’il avait engagées avaient fait de lui un guerrier qui, s’il avait construit le Temple, ne l’aurait pas fait entièrement « pour Son Nom ».
Cependant, pour préserver l’honneur de son père, Chelomo n’a pas communiqué à ?Hiram toutes les instructions de Hachem à ce sujet. Il lui a présenté la chose comme une décision que David aurait prise seul, pour le premier motif seulement : « à cause de la guerre qui l’a entouré? »
Qu’ils prennent pour Moi une portion? (25, 2)
L’expression : « pour Moi » signifie, selon Rachi : « pour Mon Nom ». Le ?Hanoukath ha-Tora jette un nouvel éclairage sur cette explication de Rachi : Le Talmud (Berakhoth 63a) nous enseigne : « Pourquoi le chapitre sur la femme soupçonnée d’adultère (sota) succède-t-il immédiatement à celui sur les prélèvements et les dîmes (Bamidbar 5) ?
Pour nous apprendre que quiconque retient les teroumoth et les dîmes du kohen aura finalement besoin de celui-ci pour mettre son épouse à l’épreuve. »
Quand une femme soupçonnée d’adultère est présentée au kohen, un rouleau de parchemin est rédigé, portant le Nom de Hachem. On en gratte ensuite l’écriture dans de l’eau, que l’on donne à boire à la femme. S’il ne se produit rien, on a la preuve qu’elle est innocente.
Un homme qui n’apporte pas ses dîmes au kohen causera demain la mise à l’épreuve de son épouse par celui-ci, et provoquera ainsi l’effacement du saint Nom divin.
C’est ce que Rachi a voulu dire : Apportez une offrande « pour Mon Nom », qui sera effacé si vous vous en abstenez !