Les responsables de l’archéologie israélienne et le géant informatique Google vont joindre leurs efforts pour numériser les célèbres Manuscrits de la mer Morte. Qui commenceront, dans quelques mois, à être mis en ligne.

Une bonne nouvelle pour les chercheurs et même pour le grand public. Mardi 19 octobre, le Département Israélien des Antiquités et la société Google ont annoncé qu’ils allaient coopérer afin de créer la première base exhaustive de données concernant les Manuscrits de la mer Morte. Au terme du processus, une fois les images mises en ligne, les personnes intéressées pourront examiner sur l’écran de leur ordinateur les images du texte original ainsi que la traduction de ce dernier en anglais. Le tout devrait être accessible d’ici quelques mois, y compris certaines parties qui ont été rendues plus lisibles grâce à l’emploi d’une caméra à infrarouge utilisée par la NASA pour ses clichés de l’espace. Ladite caméra a en outre permis de redécouvrir certaines parties des Manuscrits qui s’étaient estompées avec le temps et étaient, de ce fait, devenues quasiment indéchiffrables.
   Pour comprendre l’importance de l’opération, il faut se souvenir que les Manuscrits de la mer Morte, découverts à la fin des années quarante dans onze grottes situées dans le désert de Judée, étaient alors, constitués de dizaines de milliers de petits fragments. Regroupés ensemble, ils constituent plus de 900 manuscrits. Pendant des décennies, l’accès à ces documents fut limité à un petit groupe de chercheurs qui eurent comme tâche d’assembler les morceaux et de les traduire. Ce n’est que dans les années quatre-vingt-dix que la plupart des textes qui n’avaient pas été publiés jusque-là furent réunis sous la forme d’un livre.
 
« C’est la dernière version du puzzle que les gens peuvent maintenant refaire »

 
 
   Jusqu’à aujourd’hui, la consultation des originaux restait très difficile. Si la plupart des chercheurs réussissent à les examiner, les conditions de conservation limitent le temps qui leur est accordé : soit trois heures pour deux chercheurs au maximum qui ne peuvent examiner derrière une vitre que la section qu’ils ont demandée. Mais tout va changer avec la nouvelle base de données. Celle-ci permettra en effet aux scientifiques de scruter l’ensemble des manuscrits à leur guise et sans limitation. Ce qui pourrait mener à l’élaboration de nouvelles hypothèses. « C’est la dernière version du puzzle que les gens peuvent maintenant refaire et trouver ainsi de nouvelles interprétations », a expliqué Pnina Shor du Département israélien des Antiquités. De plus, si comme on le pense, les image mises en ligne sont de meilleure qualité que les manuscrits originaux, les chercheurs n’auront plus besoin de se déplacer à Jérusalem pour les y voir. « Plus ces fragments sont accessibles, mieux c’est, a commenté Rachel Elior qui enseigne la pensée juive à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Chaque nouvelle ligne, chaque nouvelle lettre, chaque lecture rendue plus facile est une source de grande joie pour les spécialistes ». Aujourd’hui encore, nul ne sait qui a copié le texte des Manuscrits de la mer Morte ni comment ils se sont retrouvés dans les diverses grottes. Certains croient que ce sont des membres de la secte des Esséniens qui les ont cachés lors de la Grande Révolte juive du premier siècle de l’ère commune. D’autres estiment que le tout a été écrit à Jérusalem et dissimulé à Qumran, toujours à la même époque, par des Juifs fuyant la Ville sainte après sa conquête par  les Romains. 
CG