Bien qu’en termes quantitatifs et financiers les échanges commerciaux Israël-Chine pourtant en constant progrès – chiffrés à 7,5 milliards de dollars en 2010, soit 150 fois plus qu’à l’ouverture des relations bilatérales en 1992 – n’atteignent pas encore les plus hauts sommets potentiels, de nombreux facteurs, soient spécifiques soient propres aux deux pays, font que la coopération sino-israélienne va s’étendre de manière exponentielle dans les prochaines années.


Et ce, en touchant à des domaines – militaro-stratégiques, mais aussi universitaires et culturels – jamais abordés jusque-là !
Fait hautement significatif rapporté tout récemment dans la presse israélienne : certains hauts-officiels chinois ont pris l’habitude, sourire avenant aux lèvres, de surnommer Israël « la petite superpuissance »…
S’il est vrai qu’aux niveaux diplomatique et stratégique Jérusalem et Beijing ne parlent pas en ce moment toujours la même langue – notamment en ce qui concerne les épineux dossiers de la crise syrienne et du nucléaire iranien -, ces divergences, assez largement conjoncturelles, sont en fait superficielles et en tous cas peu significatives sur le long terme et par rapport à « l’essentiel » voulant que les deux pays possèdent désormais des intérêts géopolitiques et économiques communs, ainsi que de nombreux outils historiques et culturels favorisant une compréhension réciproque de plus en plus approfondie.

La transformation de la Chine en superpuissance économique « libérale » a totalement changé sa perception d’Israël !

Côté chinois, il existe au moins quatre facteurs centraux poussant à un rapprochement entre les deux peuples et à une coopération encore plus active dans bien des domaines :
– 1/Le fait que dans l’esprit des Chinois – qui constituent eux aussi un peuple de très ancienne culture, aimant travailler dur et rassemblés sur de hautes valeurs éducatives et familiales – Israël et les Juifs comme peuple sont ensemble symboles, malgré leur si petit nombre, de réussite et de victoire radicales sur plusieurs millénaires d’une histoire très difficile parsemée de persécutions et d’exils. Et ce, à l’opposé de ce qui se passe dans une Europe entrée en décadence et gangrénée par le retour en force de ses préjugés antisémites !
– 2/ Le fait que les besoins économiques actuels de la Chine, en tant que nouvelle superpuissance financière voulant assurer, y compris dans des termes désormais capitalistes, un meilleur bien-être à sa population, pousse ses dirigeants sortis de la gangue idéologique du communisme « pur et dur » des années Mao à faire appel de plus en plus massivement au savoir-faire des succès de la haute technologie israélienne dans bien des secteurs (systèmes d’irrigation, gestion de l’eau, high-tech non polluant, énergies alternatives).
– 3/ Même chose aux plans stratégique et de Défense, où littéralement éberlués par les victoires militaires à répétition de Tsahal contre les armées arabes, les dirigeants chinois veulent apprendre des tactiques de combats des « nouveaux Hébreux » sur les champs de bataille, tout en lorgnant vers leurs technologies militaires ultra sophistiquées – eux dont l’immense Armée populaire de Libération construite six décennies durant sur le modèle soviétique présente encore de nombreuses lacunes en équipement, organisation, formation et fonctionnement.
– 4/ Le fait que la Chine a intérêt – tout comme Israël – à stabiliser tout le Moyen-Orient où un Iran devenu puissance nucléaire jouerait les « trouble-fête », doublé de l’espoir très perceptible à Beijing dans les milieux diplomatiques que l’islamisme intégriste ne s’étendra pas trop sous les coups de butoir du « Printemps arabe »… D’autant que la vague des bouleversements intervenus depuis 18 mois au Maghreb et au Moyen-Orient a littéralement surpris et donc beaucoup inquiété les Chinois, notamment dans l’affaire libyenne où la chute du régime Kadhafi a provoqué le brusque départ de leurs quelque 65 000 citoyens en activité sur place et une perte sèche de 20 milliards de dollars dans l’industrie pétrolière locale.

Une opportunité stratégique et diplomatique sans pareil pour Israël

Preuve irréfutable de ce changement radical dans la perception chinoise d’Israël aux plus hauts niveaux de décision à Pékin : rompant avec la doctrine communiste datant de l’époque des pays non-alignés et dite de « non-interférence » dans les affaires du Moyen-Orient, les stratèges de Beijing viennent de lancer le nouveau concept dit de « participation constructive » pour affirmer de manière bien plus équilibrée leur présence dans la région… Et ce, sans que les sempiternelles pressions des 22 pays de la Ligue arabe ne portent, comme autrefois, ombrage à la relance de leurs relations avec Israël.
Se manifestant depuis 2011 par l’échange de nombreuses visites officielles de hauts responsables civils et militaires des deux pays – dont celle, l’été dernier, du chef d’état-major de l’armée chinoise, le général Chen Bingde – et aussi par la création de « SIGNAL » (Sino-Israel Global Network & Academic Leadership), un groupe d’intérêts communs ayant lancé une dizaine de programmes d’ « Etudes israéliennes » dans les universités chinoises et organisateur du Premier Symposium Chine-Israël de Stratégie et de Sécurité au Centre interdisciplinaire de Herzlia), toutes ces ouvertures chinoises en pleine ébullition dressent en Extrême-Orient (en parallèle avec le renforcement des relations indo-israéliennes abordé dans notre précédente édition) de nouveaux horizons économiques, mais surtout diplomatiques et stratégiques pour l’Etat hébreu.
Le tout, à une époque marquée par un début de crise – qui risque d’aller en s’approfondissant – dans les relations d’Israël avec son « allié de toujours », les Etats-Unis d’Amérique…  Par Richard Darmon,en partenariat avec Hamodia.fr