La campagne pour la succession du Grand rabbin David Messas zal au poste de Grand rabbin de Paris est ouverte avec la clôture des candidatures. Réponse dans un mois, le 26 mars prochain.

Ils seront donc six à postuler à la succession du Grand rabbin David Messas zal. Six rabbins consistoriaux diplômés du Séminaire rabbinique qui espèrent être élus au poste de grand rabbin de Paris le 26 mars prochain. Les voici par ordre alphabétique : le grand rabbin Raphaël Banon, vice-président de l’Association du Rabbinat Français, le grand rabbin Michel Gugenheim, directeur du Séminaire rabbinique et dayan au Beth-Din de Paris ; le grand rabbin ‘Haïm Korsia, aumônier général israélite des armées ; le grand rabbin Marc Krief, rabbin de la communauté sépharade de Vincennes ; le rabbin Chalom Lellouche, rabbin de Levallois, et le grand rabbin Alain Sénior, grand rabbin de Créteil.
Jusqu’à jeudi soir dernier, qui était la date limite pour se faire connaître, leurs lettres de candidatures sont arrivées sur le bureau de Joël Mergui, le président des Consistoires. On peut s’étonner du nombre relativement élevé de postulants. Depuis quelques semaines, la rumeur faisait en effet du grand rabbin Gugenheim le successeur « naturel » du grand rabbin Messas. Le respect unanime dont il bénéficie, aussi bien au Consistoire que dans les milieux ‘harédim, permettait d’imaginer que personne ne se présenterait contre lui. Jusqu’au dernier moment, le directeur du Séminaire a cependant hésité à faire acte de candidature. Fallait-il abandonner ses fonctions actuelles, son rôle dans la formation des nouvelles générations de rabbins et le temps dont il dispose pour le limoud, pour se plonger dans la complexe machine consistoriale ? La conviction qu’il était de son devoir « d’y aller » a finalement emporté la décision, comme il l’a confié à certains de ses proches ; d’autant qu’en gérant depuis le début de l’année les affaires courantes au grand rabbinat de Paris, il estime avoir une idée assez précise des chantiers à mener.
Sauf qu’entre temps, la nature ayant horreur du vide, d’autres candidats se sont déclarés. C’est le cas par exemple du grand rabbin Sénior, qui a été le premier à se jeter à l’eau. Également pressenti depuis plusieurs semaines, il fait figure de challenger numéro un face au grand rabbin Gugenheim. Mais contrairement à 2001, où personne ne s’était présenté face au grand rabbin Messas, cette élection à six candidats peut réserver des surprises, offrant la victoire à un outsider.
Tous ne maintiendront pas forcément leur candidature jusqu’au bout. L’entrée en course tardive du grand rabbin Gugenheim change, en effet, la donne et il se murmure que deux des candidats seraient prêts à « jeter l’éponge » pour ne pas lui faire obstacle. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle le grand rabbin de Metz Bruno Fiszon a renoncé à se présenter : « C’était là une perspective inconcevable ». Sa lettre de candidature était rédigée, posée sur son bureau et prête à être postée. Il l’a finalement mise à la corbeille, après s’être entretenu avec le directeur du Séminaire rabbinique et que celui-ci lui ait confié qu’il serait candidat. « Le grand rabbin Gugenheim est mon maître, celui qui m’a appris la Guémara et m’a remis ma smi’ha de rabbin, je ne pouvais pas imaginer me présenter contre lui », confie le grand rabbin de la Moselle.
La campagne sera courte : un mois. Elle sera surtout digne, espèrent tous les observateurs qui prient pour qu’elle ne soit pas entachée par la calomnie et le ‘hilloul Hachem. Dans ce contexte, quatre semaines, cela paraît soudain peut-être un peu long à certains cadres consistoriaux. Ils se rassurent en se disant que le système électoral de Grands Électeurs devrait permettre d’éviter les dérapages. « Ce sont des personnes responsables qui savent qu’il faut assurer la stabilité de l’institution après le décès du grand rabbin David Messas », espère l’un d’entre eux.
Le futur grand rabbin de Paris sera élu par un collège restreint composé des 25 administrateurs de l’ACIP, de dix présidents de communautés, de trois représentants du Beth-Din et de six rabbins qui ont été désignés par leurs pairs (les rabbins Assous, Lévy, Elkiess, Afriat, Berros et Nakache). Le vainqueur entrera immédiatement en fonction pour un mandat de sept ans. Mais par respect pour la mémoire du grand rabbin Messas, son intronisation officielle n’aura lieu qu’après la fin de l’année de deuil, à l’automne prochain.Par Serge Golan, en partenariat avec Hamodia.fr