En ce lendemain de Yom HaShoah, les Israéliens restent encore sous le choc de cette journée particulière où certaines personnes confient, parfois pour la première fois, l’histoire de leur famille.
C’est le cas notamment d’un animateur de radio très populaire, Menahem Péri, dont la voix chaude est tellement appréciée sur les ondes israéliennes.
Péri est très aimé des Israéliens. C’est un homme affable, souriant, agréable à entendre, qui anime depuis près de quarante ans des émissions, notamment sur la chaine Reshet Guimel.
Péri est toujours resté très discret sur son histoire familiale et peu de gens la connaissent. Mais grâce au livre qui vient d’être publié, H’alomoth (Rêves), par Raaya Admoni, il s’est laissé aller à des confidences recueillies par le site Ynet.
Péri est né en 1945 dans un camp de personnes déplacées en Allemagne. Après de nombreuses péripéties, avec notamment un séjour à Chypre, il est arrivé à l’âge de 4 ans en Israël.
Ses parents, originaires de Pologne, avaient connu une tragédie personnelle qui devait les marquer toute leur vie et Péri se souvient qu’il devait souvent, lorsqu’il était enfant, aller les réconforter au milieu de la nuit lorsqu’ils se mettaient à pleurer.
C’est dans cette ambiance triste qu’il a grandi. Son père avait perdu sa femme et quatre de ses cinq enfants pendant la Shoah. Quant à sa mère, son premier mari et ses trois enfants avaient été massacrés par les Nazis.
Le fils survivant de son père, Arieh, est monté en Israël et c’est ce qui a incité les parents de Menahem à s’installer également dans le pays. Par la suite, Arieh est devenu le directeur technique d’El Al.
Des années plus tard, a raconté Menahem Péri, il a pu « boucler la boucle » en participant à la capture du criminel nazi Eichmann, jugé en Israël pour crimes de guerre et contre l’humanité et exécuté par pendaison en 1962. Malheureusement, Arieh a succombé à une crise cardiaque à l’âge de 53 ans et ce décès a causé une peine immense à son père, qui l’aimait profondément.
Péri, marié à Nourith, a trois enfants et trois petits-enfants. Pour la première fois, il y a huit ans, il s’est rendu en Pologne, accompagnant une équipe de journalistes et de cameramen de la première chaîne de la télévision israélienne. « Mes parents et mon frère Arieh s’étaient jurés de ne plus jamais remettre les pieds sur cette terre. Mais je voulais voir l’emplacement des camps dont j’avais tant entendu parler. Ce voyage a été très difficile pour moi et je ne le referai plus. Mais je voulais retrouver les noms des enfants de ma mère ».
Sur la tombe de son frère Arieh, disparu prématurément, figurent les noms de la mère de ce dernier et de ses frères et sœurs qui ont péri pendant la Shoah mais rien n’a été inscrit sur la pierre tombale de la mère de Menahem, décédée en Israël. Arrivé au village où celle-ci a vécu, il a retrouvé les noms d’une sœur et d’un frère, Hayalé, 8 ans, et Wolf, 4 ans, HY’D.
« Alors que nous nous trouvions encore en Pologne, a indiqué Péri, j’ai raconté mon histoire sur la chaîne Reshet Bet. Un homme, qui fabrique des pierres tombales, a été très impressionné et ému par mon récit et il m’a proposé d’ajouter gratuitement les noms de mon frère et de ma sœur sur la Matséva ».