La Paracha Tetsavé fait l’inventaire, en les décrivant en détail, des vêtements du Cohen Gadol – le Grand Prêtre – et des autres
Cohanim lorsqu’ils assuraient leurs fonctions dans le Michkan (sanctuaire) du désert, puis au Bet Hamikdach de Jérusalem.

Hachem s’adressa à Moché en
lui disant : « Et toi, rapproche
de toi Aaron, ton frère,
et ses fils avec lui, d’entre les Enfants
d’Israël, pour Me le consacrer
comme Cohen [comme prêtre
Ndlr], Aaron, ainsi que Nadav et
Avihou, Elazar et Itamar, les fils
d’Aaron », (Chémot, 28,1).

Le midrach Raba rappelle à ce propos
que face au « buisson
ardent » et pendant
près de sept jours, Moché
refusa la mission
dont Hachem le chargeait
qui consistait à
se rendre chez Pharaon
pour libérer le peuple
d’Israël. Hachem lui
annonça alors que ce
serait donc Aaron qui
prendrait la parole devant
Pharaon, le même
Aaron qui sera plus
tard Cohen Gadol dans
le Michkan au lieu de
Moché…

Toutefois, après que
D.ieu fit les miracles
les plus extraordinaires
de l’Histoire
par l’intermédiaire de
Moché et après que
ce dernier fut chargé
d’ériger le Michkan, il aurait pu
sembler « logique » que Moché soit
finalement digne de devenir lui-même
le Cohen Gadol.

Or, la résolution divine est immuable
! L’élection d’Aaron en tant que
Cohen Gadol ne saurait être modifiée…
Néanmoins, la déception de
Moché sera adoucie lorsque Hachem
le chargea d’introduire son
frère Aaron dans les fonctions du
Grand Prêtre.

Deux frères dépourvus
de toute jalousie
l’un envers l’autre

Moché avait en effet déjà rencontré
son frère Aaron et la Torah témoigne
avec précision que ce dernier
s’était réjoui en apprenant que
Moché fut placé comme premier
dirigeant à la tête de tout le peuple.
Car la joie d’Aaron était pure
et dépourvue de toute jalousie.
Maintenant, c’était donc au tour de
Moché de se réjouir de l’accession
de son frère Aaron à la dignité de
Cohen Gadol. Or, sa joie était également
pure et exempte de tout
ressentiment ou jalousie !

En fait, ce qui aurait plu à Moché
s’il était devenu Cohen Gadol, ce
n’est évidemment pas la gloire
qui s’attache à cette dignité car il
était très modeste : il ne briguait
en effet que la possibilité d’appliquer
toutes les mitsvot liées à cette
fonction suprême de l’organisation
du culte dans le Michkan.
Hachem lui expliqua qu’ayant été
appelé à porter le Kéter Torah – la
couronne de la Torah -, il devait
être constamment à la disposition
du peuple pour lui enseigner
la Torah et les mitsvot. Il ne pouvait
donc guère cumuler le rôle du
Cohen Gadol (appelé aussi Kéter
Avoda) et la possession du Kéter
Torah : une même tête ne pouvait
pas porter ces deux couronnes !

Un rôle complémentaire

Le Yalkout Méam Loèz ajoute que
Moché aurait pu penser que c’est
en raison de sa culpabilité dans
la faute du Veau d’Or qu’Aaron
n’avait pas été lui-même chargé
de construire le Michkan. Dans
ces conditions, il ne pourrait pas
non plus être désigné comme Cohen
Gadol. Or, voilà qu’Hachem le désigne
explicitement comme Grand
Prêtre ! Et ce justement pour que
Moché sache bien que dans le cadre
de l’affaire du Veau d’Or, aucune
culpabilité ou complicité ne fut retenue
contre Aaron. Car en définitive,
tout ce qu’il avait fait pendant
ces heures si critiques où le peuple
s’était rebellé par impatience contre
Hachem, visait à temporiser pour
espérer le prompt retour de Moché
et à écarter du lui toute faute d’idolâtrie
!

L’auteur du livre « Yisma’h Moché »
indique qu’en fait, Moché et Aaron
ont exercé tous les deux conjointement
la fonction de Cohen Gadol
pendant les années que le peuple a
passées dans le désert. Ainsi, le mot
« véata » utilisé dans notre verset
cité en exergue doit-il être compris
dans le sens de « et toi », ou « avec
toi, investis ton frère dans la dignité
de Cohen Gadol »…

Dans son fameux ouvrage « Haamek
Davar », le rav Naftali Tsvi
Yéhouda Berline (1817-1893) – appelé
souvent d’après ses initiales
le Netziv – propose quant à lui le
commentaire suivant : étant donné
qu’Hachem éleva la couronne
de la Torah au dessus de celle de
la Avoda, Il a demandé à Moché de
rapprocher de lui son frère Aaron
pour que sa dignité, bien qu’inférieure
à celle de Moché, soit néanmoins
aussi proche que possible de
la sienne.

Retenons, en passant, l’extraordinaire
importance que D.ieu attache
aux sentiments qui unissent
Moché et Aharon, notamment la
joie de chacun d’eux au moment
de l’accession de l’autre à une dignité
royale ou sacerdotale. Ainsi,
savoir se réjouir du fond du coeur
du bonheur d’autrui constitue une
qualité primordiale que chacun a
tout intérêt à acquérir…

Rav Hayim Yacov Schlammé


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