Voilà déjà plus de 50 ans que le rabbi de Loubavitch a analysé de manière fort intéressante la différence entre la manière dont
Pharaon s’exprimait devant les sages-femmes d’Israël et la manière dont il parlait à son propre peuple… Ceci dans le contexte de
sa décision de noyer les garçons des Enfants d’Israël et de laisser vivre les filles.

Dans le Livre de Chemot (1-
16 et 1-22), Pharaon dit
aux sages-femmes : « Lorsque vous accoucherez les femmes
d’Israël, vous regarderez : si c’est
un garçon, vous le ferez mourir ; et
si c’est une fille, elle vivra ». Lorsqu’il
s’adresse à tout son peuple, il
dit : « Tout garçon qui naîtra, dans
le Nil vous le jetterez, et toute fille,
vous la laisserez vivre ».
Il est clair que ce qui intéressait
Pharaon, c’était la mort des garçons.
Alors pourquoi avait-il bessoin
d’évoquer la survie des filles
?

Le fait que le sort des filles est mentionné
dans le même verset que la
mort des garçons prouve bien que,
dans les deux cas, il s’agissait de
réelles persécutions.
Lorsque Pharaon s’adressa à tout
son peuple, il dit de « laisser vivre les filles » dans le sens de les
faire vivre de la manière dont on
vit dans son peuple, et non pas
évidemment de les laisser vivre en
filles d’Israël.

Il y avait donc là deux persécutions
: l’une concernait les garçons
et l’autre, les filles. Les garçons
étaient destinés à une mort physique
par noyade dans le Nil. Quant
aux filles, elles devaient être
initiées à vivre en étant « noyées »
dans la mode, les coutumes et
l’idolâtrie égyptiennes. Pour elles,
il s’agissait d’une mort spirituelle
certaine !

Lorsque Pharaon s’adressa aux sages-
femmes, il ne leur dévoila pas
tout… Il comprit qu’elles n’accepteraient
pas de faire disparaître totalement
le peuple d’Israël en tuant
physiquement les garçons et en
déjudaïsant toutes les filles. C’est
pourquoi, il a simplement dit « et
toute fille vivra ». Car il n’a pas utillisé
l’expression « on les laissera
vivre » et encore moins « on les fera
vivre » !

En fait, comme Rachi l’explique
dans le Livre de Devarim (23-9),
« inciter au péché est plus grave
que de tuer en ce sens qu’une mort
spirituelle est plus grave qu’une
mort physique ». Ceci implique
que le sort réservé aux filles était
en fait encore plus grave que celui
destiné aux garçons !

Le Nil fait idole
de toute l’Égypte…

On le sait, le Nil, véritable « source
de vie » de l’agriculture égyptienne
et de toute sa richesse matérielle,
était devenu une idole adorée par
l’Égypte tout entière.
Ce fleuve « divin » fut donc choisi
pour être le bourreau censé exécuter
à la lettre la « solution finale »
prônée par Pharaon en noyant physiquement
dans ses eaux les garçons
hébreux et en immergeant les filles
dans un flot d’idolâtrie et de recherche
des plaisirs… Car l’exil d’Israël
en Égypte se trouve être à la racine
de tous nos exils ultérieurs !
Ainsi, même de nos jours, retrouve-t-
on le même genre de persécutions
lorsque notre environnement « à
la mode » veut nous contraindre à
adopter son éducation, ses idées, ses
principes, ou en un mot son propre
Nil qui coule apparemment innocemment
devant nous !

Voilà pourquoi nous devons tenir
ferme et ne pas céder à ceux qui
veulent noyer nos enfants dans des
conceptions de la vie allant totalement
à contre-courant de la Torah,
de ses mitsvot, de sa émouna, et des
valeurs et qualités que nous devons
sans cesse acquérir et parfaire. À
cet égard, la glorieuse résistance
des sages-femmes en Égypte doit
nous inspirer dans notre rôle actuel
consistant à assurer à nos enfants
l’éducation juive authentique.
Dans notre éducation de Torah,
nous apprenons – et nous enseignons
– que c’est Hachem qui assurre
notre nourriture et notre subsistance
dans tous les domaines. Pour
y avoir droit, nous devons donc être
profondément convaincus de cette
vérité. Et pour cela, nous avons besoin
de toutes les facettes de la vie
juive : l’étude quotidienne de la Torah,
les prières faites avec régularité,
les bénédictions et la tsédaka qui
en sont les vecteurs principaux.
Tenons-nous fermement à nos
convictions, et ne nous laissons jamais
attirer par toutes sortes de Nil
qui coulent de partout, notamment
sur les vitrines exagérément éclairées
de si nombreuses boutiques…

Rav Hayim Yaacov Schlammé


Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française

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