C’est à l’occasion du 73e anniversaire de la Rafle du Vel d’hiv, le 16 juillet précisément, que le Musée des combattants des ghettos (Beth Lo’hamei Hagetaot) en Galilée a choisi d’inaugurer l’exposition « Sauver les enfants, 1938-1945 », après avoir notamment tenu le haut de l’affiche pendant deux ans aux Archives nationales à Paris.

Ils s’appellent Denise, Irène, Suzanne, Véra, Charles, Jacques, Marcel, Norbert, Paul et Sali. Ils sont nés à Paris, Vienne, Berlin, Bruxelles et sont âgés de 4 à 11 ans à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ils survivent au chaos, enfants cachés et sauvés, leurs parcours signant à tout jamais l’échec de la tentative d’extermination nazie. Après guerre, ils tentent de reconstruire leurs vies et leurs familles, réapprenant à vivre en France, en Europe, aux États-Unis, en Australie comme en Israël.

En retraçant le chemin de vie de ces dix enfants juifs et en rendant hommage à leurs sauveteurs, l’exposition « Sauver les enfants, 1938-1945 », conçue en 2012 à l’occasion des 100 ans de l’OSE, est résolument placée sous le signe de la vie. La vie en famille avant la cassure de la guerre, la séparation, le périple de la cache, la libération, la reconstruction et l’espoir d’apaisement…

Différentes étapes mises en exergue par une émouvante scénographie qui a pour toile de fond le contexte de l’époque, démontrant à quel point ces récits individuels sont imbriqués dans l’histoire globale.

Historienne et responsable des archives à l’OSE, Katy Hazan explique l’objectif de l’exposition : « L’idée a été de mettre en condition le visiteur en l’enveloppant de la grande Histoire. C’est ainsi que nous avons voulu mettre en lumière la création des réseaux de cache clandestins en France, montrer l’environnement du sauvetage dans une région donnée et la manière dont s’est organisé l’ensemble du dispositif pour secourir les enfants, la sève d’un Peuple. Les sauver a été l’une des grandes urgences de la guerre ».

Alors que les éléments du contexte historique sont projetés sur les murs, l’itinéraire de l’exposition est ponctué par dix cylindres lumineux éclairés de l’intérieur, « dix bougies » représentant chacune l’un de ces dix êtres, sur lesquelles apparaissent des images accompagnées du témoignage des enfants aujourd’hui adultes et de celui des sauveurs.

Sur celle de Denise Paluch, née à Bruxelles en 1937 et sauvée par l’OSE à Vénissieux en octobre 1942, il est possible de lire : « J’ai le vague souvenir d’avoir été séparée de ma mère : elle m’a tourné le dos et je suis partie avec un homme dans un train, d’où nous avons sauté pour nous cacher ».

Jacques Stul confie : « J’ai beaucoup souffert des quolibets antisémites à l’école, au point que le port de l’étoile jaune, en juin 1942, me paraissait quasi normal ».

Née à Vienne en 1929 et orpheline au sortir de la guerre, Suzanne Winitzer se remémore, quant à elle, les paroles de son père qu’elle espère ne pas avoir trahi : « Reste sûre de tes pensées, de tes paroles et de tes actes et n’oublie jamais que tu es juive ».

Salomon, renommé Sali, se souvient comment il a été pris en charge par le réseau Garel qui le cache d’abord à Limoges, puis à Toulouse et enfin à Lourdes où les lieux d’hébergement changent au gré des aléas…

C’est donc le 16 juillet prochain, à l’occasion de la date anniversaire de la Rafle du Vel d’Hiv, que le musée Beit Lohamei Hagetaot – musée des combattants des ghettos, situé en Galilée, entre Akko et Naharya – a choisi d’inaugurer en public l’exposition « Sauver les enfants », en présence notamment de l’ambassadeur de France en Israël Patrick Maisonnave et de Jean-François Guthmann président de l’OSE, révélant ainsi au public israélien l’engagement de l’institution, qui avec la montée du nazisme, a su mettre en place dans la clandestinité les structures d’accueil pour les enfants juifs.

En partenariat avec Hamodia.fr