Au sujet de ce passage de la Haftara que nous lisons pendant les 3 semaines « de détresse » – « Telle
fut pour moi la parole de D.ieu : «Va proclamer aux oreilles de Jérusalem [leur] dire : ‘Ainsi s’est
exprimé l’Eternel : – Je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de ton amour aux temps de
tes fiançailles, quand tu Me suivais dans le désert, dans une région inculte’ (…)» », (Jérémie, 2, 1-2) -,
on trouve au nom du rav Chimchon David Pinkous zatsal le commentaire suivant…
Au chapitre précédent, verset
16, le prophète Jérémie
écrit ceci : « Et Je ferai
valoir contre eux [les membres du
peuple d’Israël-Ndlr] Mes griefs, à
propos de tous leurs méfaits. Car
ils M’ont délaissé pour encenser
des divinités étrangères et se
prosterner devant l’oeuvre de leurs
mains ». Pourtant, aussitôt après,
le Saint Béni soit-Il demande au
prophète de déclarer à Son peuple :
« Ainsi s’est exprimé l’Eternel : ‘Je
te garde le souvenir de l’affection
de ta jeunesse. (…) Israël est saint,
il appartient à D.ieu, prémices de
Sa récolte ; tous ceux qui en font
leur nourriture sont en faute. Il
leur arrivera malheur’, dit l’Eternel
», (Jérémie, 2, 1-2).
Or, malgré l’apparente contradiction
qui les sépare, ces deux
visions prophétiques constituent
comme les deux faces d’une même
médaille, à l’image de cette relation
qui unit un couple inséparable.
En effet, lorsque le prophète
Jérémie stigmatise la destruction
du Temple et la déportation des
Juifs vers la Babylonie, D.ieu lui
révèle que Sa conduite envers
la communauté d’Israël n’a pas
changé, comme il est dit : « Je te
garde le souvenir de l’affection
de ta jeunesse, de ton amour aux
temps de tes fiançailles » ! Ce qui
veut dire en substance : « Vous,
peuple d’Israël, quels que soient
les exactions dont vous êtes capables,
vous restez pour toujours Ma
bien-aimée ».
Tant et si bien qu’un tel dévoilement
nous met en présence de
cette relation exceptionnelle que
le Tout-Puissant entretient avec
son peuple, exprimant la certitude
que le lien qui les unit mutuellement
ne sera jamais rompu !
Un couple inséparable…
Comme on le sait en effet, après
la sortie d’Egypte, le don de la Torah
représente pour ainsi dire les
« fiançailles » du peuple d’Israël
avec le Saint Béni soit-Il. Or, bien
que sous le dais nuptial – quelque
temps seulement après être
sorti de l’Egypte pharaonique…
lorsque le peuple confectionna le
Veau d’or -, une querelle explosa
entre le couple, D.ieu en définitive
pardonna à Sa bien-aimée. Si bien
que le couple se réconcilie alors
et continue à vivre son aventure
commune pendant les 40 années
passées dans le désert, avant d’entrer
en Terre d’Israël où, érigeant
le Temple qui subsistera plus de
400 ans, les deux époux inaugurent
alors leur demeure.
Mais, si l’on peut s’exprimer ainsi,
le Saint Béni soit-Il décide pourtant
de répudier son épouse qui
doit donc se séparer de Lui pour
connaître les affres d’un long et
pénible exil pendant lequel elle
espère sans cesse revenir vers
Son bien-aimé. Or, on pourrait se
poser la question de savoir pour
quelle raison – si D.ieu a ainsi rejeté
la communauté d’Israël -, il
serait à ce point légitime qu’elle
attende sans cesse de Le retrouver
? S’il y a bel et bien eu « divorce
», pourquoi tout n’est-il pas
définitivement terminé entre les
deux époux ?!
Pour répondre, il convient tout
d’abord de rappeler que la rupture
dont il est question ici ne correspond
en rien à un divorce au sens
classique du terme. En effet, le
prophète ne s’exclame-t-il pas par
ailleurs : « Ainsi parle l’Eternel :
‘Où se trouve l’acte de divorce de
votre mère par lequel Je l’aurais
répudiée ?’ », (Isaïe, 50, 1).
En outre, bien que toute séparation
de ce genre soit sans aucun doute
source d’une profonde détresse
et d’une douleur infinie, malgré
tout, pour Celui qui peut tout
[Kol yakhol], une telle situation
est susceptible d’être renversée
en un clin d’oeil… Car, à l’image
d’un père qui punirait son fils en
l’envoyant dans sa chambre sans
manger, bien que l’enfant éprouve
cette sanction comme l’expression
d’un manque d’amour, celui
qui assisterait à cette scène sait
très bien qu’il n’en est rien. Que
l’amour du père pour son fils n’a
pas changé et que cette punition
n’a d’autre but que de remettre ce
dernier sur le droit chemin !
Ainsi en est-il de l’exil d’Israël :
bien que D.ieu ait renvoyé Son
peuple, l’amour qu’Il lui porte – et
que chacun d’entre nous a pu apprécier
lors du don de la Torah –
n’a pas changé. Car, à tout instant,
il nous est offert la possibilité de
le dévoiler et de le faire revivre…
Yehuda Rück (Adapté à partir du
livre « Tiférèt Chimchon »
– Bamidbar, page 342)
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