Dans le Midrach, on peut lire des propos édifiants au sujet de l’absence du Temple. Dans le prophète, il est relaté que « la colère du l’Eternel s'étant de nouveau enflammée contre Israël, Il incita David contre eux en disant : ‘Procède au dénombrement d'Israël et de Yéhouda’ » (Chmouel II, 24).


Suite à ce recensement, un fléau éclata au sein du peuple et en quelques heures, soixante-dix mille hommes périrent. C’est alors que le prophète Gad se présenta au roi David avec un ordre divin : celui de construire sur le terrain d’Aravna un autel en l’honneur de D.ieu. Les versets rapportent que David obéit aussitôt à l’ordre, acheta à prix fort la terre d’Aravna et approcha des sacrifices sur l’autel qu’il y construisit. A ce moment seulement le fléau cessa.
Quelle fut la cause de ce tragique épisode ? Le Midrach (Cho’her Tov Téhilim 17) écrit à ce sujet : « Un père frappait son fils, mais celui-ci ignorait la raison de ces coups. Après qu’il eut finit de le corriger, le père dit à son fils : ‘Va donc faire ce que je te demande depuis plusieurs jours et que tu n’as toujours pas accompli’. Ainsi, les dizaines de milliers d’hommes qui tombèrent à l’époque de David ne subirent ce sort que parce qu’ils n’avaient pas réclamé la construction d’un Temple pour D.ieu ».
Nos Sages enchaînent dans ce texte avec la conclusion suivante : « On peut en déduire un raisonnement a fortiori : Si tel fut le sort subi par ceux qui ne connurent ni la construction, ni la destruction du Temple, pour le simple fait qu’ils avaient omis de réclamer son édification, à plus forte raison méritons-nous de subir le même sort, nous qui avons connu la présence du Temple et qui avons assisté à sa destruction.
C’est la raison pour laquelle les anciens sages instaurèrent que le peuple juif adresse trois fois par jour des prières dans lesquelles il implore : ‘De grâce, ramène Ta Présence divine jusqu’à Tsion et le service sacerdotal à Jérusalem !’. Ils établirent également la bénédiction : ‘D.ieu reconstruit Jérusalem’ comme une bénédiction distincte ».
Aspirer à Jérusalem
Les nombreuses années qui se sont écoulées depuis les événements tragiques de la destruction du Temple n’ont rien altéré à la douleur que nous devons ressentir pour sa perte. Au contraire, avec les siècles, la situation du peuple juif n’a cessé de se dégrader et des tourments plus rudes les uns que les autres nous ont frappés avec une violence inouïe. Nous devons donc plus que jamais aspirer à voir enfin la délivrance survenir, et assister à la reconstruction de Jérusalem.
En effet, cette ville qui fut la gloire de notre peuple, dans laquelle toutes les tribus d’Israël se rassemblaient pour rendre grâce à D.ieu et d’où irradiait une formidable aura de pureté sur l’ensemble de la nation est devenue, avec la destruction de son Temple, un lieu piétiné par des peuples étrangers, dédaigneux de sa sainteté. C’est ce qui amène le prophète à clamer ce cri de désespoir : « Je me souviens, Eternel, et je gémis en voyant chaque ville construite sur ses fondations, et la ville de l’Eternel humiliée jusqu’au gouffre profond ! ».
Le Messilat Yécharim formule à ce sujet une idée essentielle : « C’est au sujet de ce manque que le prophète clame : ‘J’ai regardé : personne n’est là pour m'assister ! J’observai avec surprise : personne pour me prêter main forte!’ (Ichaya 63,5). Il est également dit : ‘Cette Tsion que personne ne réclame’ (Jérémie 30, 17), verset qui laisse entendre selon nos Sages que ‘l’on doit la réclamer’. Ceci constitue donc un devoir pour chacun de nous, et nul ne peut s’en désister. ».
Il ajoute ensuite : « C’est déjà une satisfaction pour le Créateur lorsqu’Il voit Ses enfants réclamer et prier pour sa reconstruction. Et même s’Il n’exauce pas leurs prières, parce que l’heure n’est pas encore arrivée ou pour toute autre raison, les hommes n’en font pas moins leur devoir en formulant ces prières et D.ieu s’en réjouit ».
Agis pour Ta Sainteté
Mais une prière digne de ce nom n’est pas celle que l’on récite machinalement, simplement pour se rendre quitte de son devoir. Une prière doit être un élan sortant du cœur, l’expression de notre désespoir face au manque et à la tristesse de notre situation. C’est pourquoi il est impératif que nous prenions conscience du sens de nos prières, lorsque nous implorons la reconstruction du Temple et de Jérusalem.
Le Messilat Yécharim écrit à ce sujet : « C’est pourquoi nous devons ressentir de la peine et une authentique douleur pour l’exil et la destruction du Temple, en cela qu’ils entraînent la diminution de la Gloire divine. Nous devons de ce fait aspirer à la rédemption grâce à laquelle Sa Gloire sera enfin rétablie ».
En conséquence, nos prières ne doivent pas être motivées par le désir de voir le statut de la nation juive réhabilité, ou d’améliorer notre condition en tant qu’individus. Notre unique souci doit être de ramener l’éclat de la Splendeur divine dans le monde. S’il est vrai qu’avec la venue du Machia’h, la condition du peuple juif changera du tout au tout, telle ne doit cependant pas être notre préoccupation principale. Nous devons essentiellement être animés du désir de voir resplendir à nouveau le règne de D.ieu à travers le monde entier.
De ce fait, le Ram’hal écrit dans son Daat Tevounot (page 166) que l’essentiel de notre service divin consiste à nous conditionner pour devenir des réceptacles capables de recevoir la Lumière suprême. Le Ram’hal souligne que l’homme est semblable à la lune, qui ne possède aucun éclat propre et dont la lumière est le reflet de celle du soleil. Ainsi l’homme doit se mettre en condition pour être capable de refléter la Lumière divine, qui lui permettra d’atteindre la perfection.Par Yonathan Bendennnoune,en partenariat avec Hamodia.fr