La procédure est désormais rodée. À l’approche de nouvelles batailles sur le front de l’abattage rituel, le Consistoire central réunit ses homologues européens à Paris pour une réunion d’état-major. Au menu : échanges d’informations, conseils tactiques et mise en place d’une stratégie commune.
Les représentants des principales communautés juives européennes étaient donc réunis ce lundi rue Saint-Georges pour faire le point sur la défense de la che’hita, alors que l’heure est à l’optimisme prudent.

Pour l’occasion, en plus du « noyau dur » – les responsables des communautés juives de Grande-Bretagne, de Belgique, d’Italie et de France -, plusieurs autres pays étaient représentés : les Pays-Bas, l’Espagne, l’Allemagne, la Suède, la Finlande, l’Autriche, le Danemark, le Luxembourg, ainsi que Conférence des rabbins européens et le Centre rabbinique d’Europe. Seuls manquaient les Polonais (excusés) ainsi que les représentants des communautés d’Europe centrale.
Un total d’une trentaine de participants auxquels le grand rabbin Bruno Fiszon – qui gère le dossier au Consistoire en coopération avec le grand rabbin de France, Gilles Bernheim et le président Joël Mergui -, a fait l’éloge du modèle français de coopération avec les pouvoirs publics.
En décembre dernier, un décret publié au Journal officiel prévoit ainsi une autorisation préalable de la préfecture pour les abattoirs pratiquant l’abattage rituel, mais surtout que ce dernier « doit correspondre à des commandes commerciales qui le nécessitent ».
Quelques mots qui permettront de « limiter les abus », espère le grand rabbin Fiszon. Il sera désormais interdit d’abattre a priori sans étourdissement préalable, s’il n’est pas expressément prévu que l’animal soit destiné aux marchés ‘hallal ou casher. Une mesure qui vise principalement le ‘hallal, très mal encadré, et dont une très grande partie de la surproduction atterrit dans les rayonnages destinés au grand public. Or, c’est justement cette pratique qui provoque la colère des partisans de l’étiquetage obligatoire.
Cette réglementation permettra de mettre un peu d’ordre dans les pratiques d’abattage : « Nous Juifs, dont la production casher est très modeste, finissions par en payer les pots cassés », explique le grand rabbin Fiszon, qui vante le dialogue avec les services vétérinaires et le Conseil supérieur du culte musulman (CSCM) dans l’élaboration de la nouvelle réglementation.
Cette façon de lâcher du lest pour préserver l’essentiel des méthodes d’abattages rituels, les responsables du judaïsme français estiment qu’elle est transposable aux autres pays européens.
La réunion de lundi a également permis de préparer le terrain en vue des prochaines échéances au Parlement européen. L’an dernier, un projet de réglementation rendant l’étiquetage obligatoire avait été " enterré " de justesse. En échange, la Commission européenne s’était engagée à réaliser une étude sur l’opportunité du branding (l’étiquetage) dont les résultats pourraient être connus au début de l’été. Afin d’éviter toute mauvaise surprise, les responsables des communautés juives ont donc été invités à « sensibiliser leurs gouvernements sur leurs inquiétudes à ce sujet.
Il a également été question de la proposition de loi, rendant obligatoire l’étourdissement préalable, adoptée l’an dernier par les députés néerlandais. Là encore, le travail d’explication des lobbyistes de la che’hita semble avoir porté ses fruits, puisque la majorité des sénateurs ont annoncé qu’ils s’opposeraient à une telle voix. Mais le vote entérinant leur rejet a été une nouvelle fois repoussée, obligeant les communautés juives et musulmanes à retenir leur souffle.
Enfin, il a été question des limitations en matière de Brit-mila entrées en vigueur en Finlande où elle doit désormais être pratiquée par un médecin, comme l’a expliqué un rabbin finlandais durant la réunion. Après la che’hita, c’est en effet la circoncision qui pourrait se retrouver dans le viseur des adversaires du communautarisme.Par Serge Golan,en partenariat avec Hamodia.fr