La communauté Shearith Israël, la plus vieille communauté juive d’Amérique du Nord, vient de présenter au public la première phase de la réhabilitation de son cimetière situé en plein cœur de New York.
C’est un tout petit cimetière juif en plein Manhattan que nombre de passants ne remarquent même pas. Mais désormais, à l’initiative de la communauté Shearith Israel, le site a été rénové et dispose d’une entrée et d’un petit chemin serpentant entre les tombes pour permettre aux curieux de venir visiter le lieu et de le protéger.
Des tombes supplémentaires enfouies dans le sol découvertes lors des travaux
En effet, explique Christine Franck qui a travaillé sur place, « les gens ne réalisent pas combien la pierre est vraiment excessivement fragile. Même en la touchant de la main, on peut l’endommager » Pour comprendre l’importance du site, il faut revenir plus de quatre cents ans en arrière. En 1654, vingt-trois juifs, la plupart d’origine espagnole ou portugaise, vinrent s’établir à Manhattan après avoir fui leBrésil où l’Inquisition les avait rattrapés. L’accueil de Peter Stuyvesant, le gouverneur de la Nouvelle-Amsterdam (comme se nommait New York à l’époque) était des plus hostiles. Mais ces pionniers étaient bien décidés à rester sur place. Finalement, ils obtinrent gain de cause : la communauté Shearith Israel était née. Par la suite, elle donna, entre autres, à New York l’un des fondateurs de l’Université de Columbia (alors Kings College) et trois de ceux de Wall Street.
Au cours de son histoire, Shearith Israel, qui suit le rite dit portugais, déménagea plusieurs fois dont une près du cimetière qu’elle vient de rénover non loin du bout de la Cinquième avenue. C’est en effet là qu’entre 1829 et 1851, elle enterra ses fidèles. Mais c’est aussi là qu’elle transféra à l’époque ses défunts morts auparavant et qui reposaient dans un autre cimetière situé à Chatham Square. Ceci explique pourquoi la plus vieille tombe du cimetière récemment restauré est celle de Sarah Bueno de Mesquita, décédée en 1708. Lors des travaux, beaucoup de tombes supplémentaires, enfouies dans le sol, ont été découvertes grâce à une étude menée avec un radar.
Catherine Garson
Actualité Juive
N° 1122 du 24 juin 2010