La belle unité dont on parlait encore vendredi serait-elle finalement un leurre? Une question qu’on peut se poser après les annulations de plusieurs rabbanim influents du sionisme religieux qui avaient au départ annoncé leur présence à la manifestation de dimanche contre la nouvelle loi sur l’enrôlement des étudiants de Yeshivot.
L’un d’entre eux, le Rav Barouh’ Ephrati, président de l’association « Dereh’ Emouna », était même l’initiateur de cette participation. Mais il a changé d’avis à la suite à l’opposition très vive qu’il a rencontrée ce chabbat chez les membres de sa communauté.
Autre intervention très ferme : celle du Rav Druckman, l’un des leaders du sionisme religieux. Celui-ci a déclare sans ambigüité qu’il s’opposait fermement au rassemblement de dimanche contre l’enrôlement de force des étudiants de Yeshivot, tout en affirmant qu’il fallait se mobiliser pour que la nouvelle loi ne porte pas atteinte au monde de la Tora.
Il s’en est expliqué dans une interview accordée samedi soir à la seconde chaîne de la télévision israélienne : « Si cette manifestation vient dire que l’Etat d’Israël combat l’autorité divine, a-t-il indiqué, cela doit nous scandaliser ».
Et d’ajouter : « Nous n’avons pas notre place dans un rassemblement où des phrases pareilles sont prononcées. Où vivons-nous ? Sous un régime obscur qui mène une guerre de religion ? Nous devons remercier D. de nous avoir permis de vivre au sein de l’Etat d’Israël, même si nous avons parfois des critiques à émettre contre sa politique ».
Ce qui dérange le Rav Druckman, c’est le message de cette manifestation. Confiant ses impressions également au site d’Aroutz Shéva, il a déclaré : « S’il était question de se retrouver pour renforcer l’étude de la Tora, j’aurais envisagé d’y participer. Mais les organisateurs ont annoncé que « les autorités se rebellent contre le pouvoir divin comme l’ont fait par le passé des régimes obscurs ».
Et de préciser : « Pour moi, ils font preuve d’ingratitude vis-à-vis de D. qui nous a dotés d’un Etat indépendant qui nous permet de ne plus être à la merci des autres peuples ».
Le Rav Zalman Baruh’ Melamed, directeur de la Yeshiva de Bet El, a déclaré à ses élèves : « D’un côté, nous aurions souhaité prendre part à cette prière collective qui est un événement très rare et nous ne voulons pas qu’on porte atteinte à ceux qui étudient la Tora ».
Mais le Rav a rappelé que les rabbins du courant sioniste religieux faisaient trop souvent l’objet de critiques très dures de la part d’un milieu qui ne les respectait pas et ne reconnaissait ni leur valeur ni leur compétence rabbinique. « Pour parvenir à l’unité auquel nous aspirons, a-t-il souligné, il faut avant tout un respect mutuel ».