La rabbanite Kanievsky s’entretient avec Hamodia de l’importance de
faire attention à son langage, de la manière d’élever sa famille, ainsi que
des autres responsabilités incombant aux femmes. Elle illustre ses paroles
d’anecdotes sur son père, le Gaon Harav Yosef Chalom Elyachiv, chlita, de
son mari, le Gaon Harav ‘Haïm Kanievsky chlita, et de son grand-père, le
rav Arié Levin, zatsal.
La maison du rav ‘Haïm et de la
rabbanite Kanievsky, rue
Rachbam à Bné-Brak, est
bien connue de ceux qui habitent
ou qui visitent Israël. Tous les
soirs, de nombreuses personnes attendent
dans les escaliers menant
à l’appartement pour consulter le
rav ‘Haïm ou la rabbanite. Chaque
départ ou arrivée du rav ‘Haïm est
une affaire délicate car les gens se
pressent pour demander une bénédiction
ou « juste pour poser une
question urgente »…
La rabbanite a elle aussi ses propres
disciples. Certains veulent
qu’elle transmette leurs suppliques
au rav ‘Haïm, mais la plupart veulent
bénéficier de ses conseils et
ses bénédictions à elle. Fille du rav
Elyachiv et petite-fille du rav Arié
Levin, la rabbanite Kanievsky est
elle-même devenue une personnalité
et pour beaucoup une source
d’aide et de soutien matériel, spirituel,
financier ou émotionnel. Sa
sincérité est exceptionnelle et son
amour du prochain juif est difficilement
descriptible…
La rabbanite entre dans la pièce.
Désignant les boîtes d’oeufs entassées
dans la cuisine [N.d.T. pour
les distribuer], je lui demande si
cette générosité remonte au rav
Arié Levin. La rabbanite rit et déclare
: « Si seulement il avait eu
des oeufs à donner. Qui avait des
oeufs, à l’époque ? Je ne sais pas si
on trouvait des oeufs à Jérusalem
en ce temps-là ! ».
Je commence l’interview…
– Vous souvenez-vous du rav Arié ?
– Bien entendu ! Il venait nous
rendre visite ici. Après notre mariage,
il venait nous voir.
– L’amour de ses frères juifs était
essentiel pour lui…
– Evidemment, il est la racine. Tout
vient de lui !
– Faire les ‘halot est une mitsva
particulière pour les femmes juives.
Revêt-elle une signification spécifique
?
– Certainement. C’est une très
grande mitsva ! Elle permet d’apporter
la délivrance dans de nombreuses
situations. Mon mari dit
que de nos jours, du fait de l’abondance,
il y a des magasins qui vendent
des ‘halot à tous les coins de
rue. Aussi, les femmes manquent
à leur mitsva fondamentale, celle
de prélever la ‘halah. Or, il existe
de nombreux récits de personnes
qui ont été sauvées d’une mort certaine
en commençant à prélever la
‘halah.
– À quoi pense la rabbanite lorsqu’elle
parle de préparer ou de prélever
la ‘halah ?
– Vous savez ce qui se passe ici…
Une file s’étend depuis la porte de
la cuisine jusqu’à la synagogue
Lederman. Les femmes viennent,
chacune avec un petit papier pour
me demander une prière…
– Est-ce un bon moment pour faire
une prière ?
– Certainement. C’est le cas de
chaque mitsva, comme l’allumage
des bougies. Chaque mitsva que
Hachem a donnée aux femmes !
– Lorsque les hommes viennent voir
le rav ‘Haïm, il leur dit parfois : « Ne
rasez pas votre barbe, et de grandes
choses se produiront »… Quel est
donc l’engagement parallèle que
peuvent prendre les femmes ?
– La modestie, évidemment. Et
aussi le fait de surveiller son langage.
– Comme la rabbanite le sait bien,
le monde actuel est envahi par le
matérialisme. Comment empêcher
cette atmosphère de s’infiltrer dans
nos maisons ?
– Il faut faire très attention…Tout
d’abord, chaque jeune fille doit savoir
qu’il est important d’épouser
un ben Torah, un Juif qui étudie
la Torah.
Le rôle du mari est d’enseigner la
Torah à ses enfants, mais la tâche
fondamentale de l’éducation
repose sur la mère ! C’est elle qui
s’en occupe depuis leur naissance.
C’est le rôle de la mère de les éduquer
dans la Torah et les mitsvot,
et d’imprégner la maison de modestie.
Les enfants qui ont une
mère modeste grandissent dans
cette voie. On dit que derrière chaque
homme juste, il y a une femme
modeste…
– Certaines jeunes filles trouvent
que c’est un sacrifice d’épouser un
ben Torah, un Juif qui a choisi de se
consacrer à l’étude…
– Qui a dit qu’il fallait vivre dans
la pauvreté ? Et qui a dit que c’était
difficile ? Il faut prendre une décision
et comprendre ce qui est
vraiment important dans la vie.
Est-ce le luxe ? Qu’est-ce qu’un
Juif emporte avec lui après 120
ans ? Les bonnes actions ! La Torah
! La Torah est la source de tout
bonheur – de tout ce qui est sacré,
de toute joie, de toute chose…
– Le destin d’une jeune fille juive
consiste-t-il donc de travailler et
d’élever sa famille, pendant que son
mari est assis et étudie la Torah ?
– Oui !
– Lorsqu’elle frotte le plancher,
est-ce que la femme juive remplit
le rôle de Zevouloun, la tribu des
commerçants qui aidaient la tribu
d’Issachar à étudier la Torah ?
– Oui, certainement. Prenez
l’exemple de mon père, le rav
Elyachiv. Comment vivait ma
mère ? Elle était très contente de
son sort. Elle ne voulait aucun
luxe, au contraire…
Mon père se levait tous les jours à
trois heures du matin pour étudier.
Un jour, j’ai apporté à ma mère
une thermos que j’avais reçue en
cadeau. Je lui ai dit : «Maman, tu
te lèves à trois heures pour préparer
du thé pour Papa. Au lieu de
te lever, fais-lui du thé dans cette
thermos le soir… «
Elle me répondit alors : « Tu veux
donc me priver de cette mitsva
aussi… !? «.
C’était son plaisir ! Elle ne le ressentait
pas comme une obligation.
Elle le faisait par amour.
– Comment le rav Arié Levin a-t-il
mérité d’avoir de tels enfants ?
– Il était la bonté personnifiée.
– Est-ce dans cela que nous devons
investir nos efforts : pour mériter
d’avoir des fils savants en Torah et
des filles modestes ?
– C’est un investissement dont le
monde entier bénéficie. Laissezmoi
vous raconter une histoire sur
cette sorte de bonté qui vient des
profondeurs de l’âme…
Mon grand-père, le rav Arié Levin,
était le machgia’h du Talmud Torah
Etz ‘Haïm. Un jour, lui et son
fils regardaient par la fenêtre les
enfants qui jouaient pendant la
récréation.
Le rav Arié demanda alors à son
fils : « Lorsque tu vois ces enfants,
que peux-tu me dire à leur sujet ? «.
Son fils lui répondit : « Je peux dire
quel est leur caractère. Celui-ci est
sauvage, celui-ci querelleur, celuilà
semble plus poli… ».
Puis il interrogea son père : « Et
toi, papa, que vois-tu ? ». Le rav
Arié lui dit : « Je vois que cet enfant
est pâle. Il n’a pas encore mangé de
petit-déjeuner ce matin. Celui-ci a
des chaussures déchirées… ».
Le soir même, le rav Arié lui apporta
des nouvelles chaussures.
Voilà comment il était… Chacun
sait qu’il avait l’habitude de rendre
visite aux prisonniers et aux malades
souffrant de maladies graves.
C’est ainsi qu’était le rav Arié.
Toute sa vie consistait à pratiquer
la bonté. Il était tout entier bonté !
– Pouvez-vous nous donner un
conseil sur la préservation de nos
paroles ?
– Oui, c’est très important ! De
nombreux malheurs frappent le
peuple juif. Or la Guémara, dans
le Traité Chabbat, affirme que
tout cela se produit en raison des
mauvaises paroles, des calomnies
et des rumeurs… Chacun doit étudier
tous les jours deux hala’hot
concernant la « chmirat halachon
» !
– Les gens disent que la rabbanite
accomplit des choses miraculeuses.
Est-ce par le pouvoir de la prière ?
– (Riant !) Je ne fais pas de miracle…
Mes bénédictions sont celles
d’une personne ordinaire. Mais
je compatis avec les gens, de tout
mon coeur, et cela aide peut-être…
Une interview avec la Rabbanite Kanievsky, tlita
Tzvi Yaakobson
Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française
Il est interdit de reproduire les textes publiés dans Chiourim.com sans l’accord préalable par écrit.
Si vous souhaitez vous abonner au journal Hamodia Edition Francaise ou publier vos annonces publicitaires, écrivez nous au :
fr@hamodia.co.il