Les démographes estiment que un tiers des bébés qui naissent actuellement en Israël le font dans les communautés ultra-orthodoxes, appelées ici communauté Haredi. On estime d’ailleurs que la population haredi d’Israël représente 9% de la population totale, soit environ 700 000 personnes. Parmi eux, les familles de 10 enfants ne sont pas rares, rendant leurs taux de natalité et de croissance bien plus rapides que celui de la population israélienne.
Si leur poids démographique a tendance à augmenter, leur rôle dans la société israélienne pose des questions aux analystes de tous bords.
En effet, les haredim vivent souvent « en marge » de la société, repliés sur eux-mêmes, formant un état dans l’état, afin de sauvegarder leur fervent attachement à la religion et à sa stricte pratique. C’est ainsi que près de la moitié des haredim ne travaillent pas et étudient toute la journée. Cela pose d’ailleurs un grand problème de revenu dans cette communauté, dont 60 % des individus vivent sous le seuil de pauvreté. Mais c’est aussi une caractéristique historique des haredims israéliens. En effet, dans le reste du monde, les ultra-orthodoxes ont pris l’habitude de travailler et de subvenir aux besoins de leur communauté.
Si les choses bougent, elles le font doucement. Les relations entre les Haredim et le reste des israéliens n’ont jamais été faciles. Leur stricte observance n’est pas toujours comprise et acceptée dans la sphère public comme le montre les débats récents sur les bus séparés ou les spectacles ou hommes et femmes ne doivent pas être assis ensemble. Un autre point d’achoppement reste le service militaire. Il existe une loi d’exemption de service militaire pour les haredim qui étudient et qui ne doivent donc pas travailler, de peur de perdre cette exemption. Ils sont aujourd’hui environ 50 000 dans ce cas. Toutefois, un nombre croissant de haredim commencent à faire leur service militaire grâce à certaines dispositions législatives mis en place par les gouvernements successifs et qui leur permettent des aménagements comme de servir dans des unités entièrement masculines et de manger en respectant leur degré de cacherout. Dans le même temps, le nombre de haredim enrôlé dans des programmes de formation professionnelle est aussi en progression de quelques centaines à près de 6 500 actuellement. Arieli, auteur haredi de l’étude, note que de plus en plus de jeunes veulent sortir de l’isolement et de la pauvreté. Mais les changements prendront du temps. Toutefois, d’ici quelques années, la communauté haredi d’Israël aura changé de visage.