La communauté juive polonaise est consternée : le parlement de leur pays vient de rejeter un projet de loi proposant d’autoriser les activités des abattoirs spécialisés dans la production de viande cacher.

Une fois de plus, ce sont les préjugés qui l’ont emporté sur le bon sens avec toujours le même argument erroné selon lequel la Cheh’ita serait « un acte cruel faisant souffrir l’animal ».
 
Lors du vote parlementaire, 222 députés se sont prononcés contre cette loi alors que 178 se sont exprimés en faveur de son adoption. Il s’agit d’un échec pour le gouvernement qui comptait faire passer la loi et a assisté au désistement de 38 de ses parlementaires.
 
Le président de l’Union des communautés juives de Pologne Piotr Kadlcik et le grand rabbin de Pologne Michael Schudrich ont publié un communiqué dans lequel ils ont dénoncé les résultats du vote en rappelant que la loi toucherait aussi les Musulmans.

Ils ont souligné qu’elle contraindrait les deux communautés à « acheter de la viande importée, qui leur coûterait beaucoup plus cher, ou à devenir végétarien contre leur gré ».
 
La Ligue contre la discrimination a réagi avec la même indignation, estimant que la nouvelle loi serait « une atteinte flagrante à la liberté de culte ».
 
Le Rav Pinhas Goldsmidt, président de la Conférence des rabbins européens (CER), n’a pas caché son inquiétude après ce vote. Pour lui, les communautés juives d’Europe risquent à présent de se trouver en grandes difficultés.
 
L’information a suscité des réactions jusqu’aux Etats-Unis : David Harris, directeur exécutif de l'American Jewish Committee, a déclaré : « Il serait plus que scandaleux que la Pologne démocratique empêche la pratique de la Sheh’ita Kechera, qui fait partie intégrante de la vie de la communauté juive dans le pays ».
 
Il ne faut pas non plus négliger les conséquences financières de cette affaire. Avant l’interdiction de la Sheh’ita, prononcée en janvier dernier, près de 4 000 tonnes de viande cacher étaient exportées, essentiellement vers Israël. En outre, d’après les estimations du ministère polonais de l’Agriculture, 6 000 emplois seraient concernés.