À toute la maison d’Israël de pleurer ceux qu’a
brûlés le Seigneur. (Lévitique, 10, 6)
CE VERSET, lu dans les synagogues
chabbat dernier,
se rapporte au drame de la
mort des deux enfants d’Aaron, le
Cohen Gadol. Dans la liturgie de
Ticha Bé-Av, il rappelle la destruction
des deux Temples par le
feu…
Mais durant la semaine où est
commémoré le Yom Hashoah en
Israël et dans le monde juif, ce
verset prend une autre terrible
dimension et rappelle le devoir de
chaque Juif, aujourd’hui, face à
l’horreur de la Shoah.
Un devoir qui se résume en trois
actes…
Pleurer : car quelle âme juive pourrait
rester insensible aux épreuves
endurées par les millions de martyrs
et de rescapés durant la Tourmente
? Et comment ne pas laisser
nos larmes couler devant ce million
et demi d’enfants juifs purs et
innocents massacrés sans pitié sur
la terre d’Europe ?
Se taire : tel Aaron qui se figea en
apprenant la mort de ses deux enfants
Nadav et Avihou, il faut garder
silence sur le « pourquoi » de la
Shoah. Car il est impossible d’expliquer
l’inexplicable. Car les voies
d’Hachem sont impénétrables.
Et enfin transmettre : il y a deux
semaines à peine nous étions attablés
à la table du Séder de Pessa’h
avec une mitsva centrale – celle
de transmettre à nos enfants et
petits-enfants le souvenir de la
Délivrance d’Égypte. Or c’est bien
le mérite du peuple juif d’avoir su
perpétuer de génération en génération
et pendant des millénaires
cet enseignement, socle de notre
émouna, clé de notre pérennité.
Aujourd’hui, le devoir de mémoire
nous impose d’étendre cette mitsva
de « Tu transmettras à ton fils »
également à la Shoah, d’en expliquer
à nos jeunes le caractère unique
et d’en relater jusqu’aux moindres
détails en mobilisant plus que
jamais les rescapés avant qu’ils ne
s’éteignent.
Afin que de génération en génération,
le souvenir de ceux qui
ont disparu dans les crématoires
d’Auschwitz, Treblinka, Maïdanek
et Bergen-Belsen – avec parmi eux
des sommités de la Torah – reste
tout aussi vivace que celui de la
Sortie d’Égypte voilà 3500 ans.
Et aussi afin, que de génération en
génération, de jeunes Juifs, porteurs
de ce douloureux héritage,
puissent continuer à combattre les
Ahmadinejad, Faurisson et autres
négationnistes abjects, avec autant
de conviction que ceux qui étaient
à Genève cette semaine.
Daniel Haïk
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