Les mers disent:



Plus que le tumulte des eaux profondes, des puissantes
vagues de l’Océan, l’Eternel est imposant dans les
hauteurs. (Ps. 93: 4)

La mer est un des éléments les moins contrôlés par l’homme. La force
destructive d’une mer déchainée est extraordinaire.
Le Midrach (Yalkout Téhilim 848) nous raconte que l’Empereur Adrien a
voulu savoir ce que dit la Mer. Il a fait des boites de verre, comme des
scaphandriers, et y a introduit des savants dans la mer. Quand ils sont remontés,
ils lui ont dit que la mer s’exclame: "l’Eternel est imposant dans les hauteurs".

Tout cela demande à être compris.

La mer exprime une contradiction flagrante. D’un coté elle exprime une force
indomptable, et d’un autre coté elle s’arrête sur la plage de sable fin comme si elle
n’avait plus de force. L’Empereur cherchait à savoir la solution de cette énigme.
C’est pourquoi il a ‘mis’ des savants dans des boites de verre, c’est-à-dire, qu’il
leur a donné toutes les capacités possible pour Voir et appréhender les différents
phénomènes de la mer, pour pouvoir arriver à une conclusion.

Et ils lui ont dit que la mer s’exclame: "l’Eternel est imposant (Adir) dans
les hauteurs". C’est-à-dire, que la mer est effectivement un élément déchainé,
mais la situation vécue est le résultat de la Force Divine qui elle seule peut
contenir et stopper la force expansionniste de la Mer. Si la mer est comme elle est
ce n’est que parce que Hachem impose sa discipline.

Le mot – Adir – Imposant – Glorieux – Majestueux est un des termes
les plus élevés en parlant de l’Eternel: comme dans le Piyout de Yom Kippour Adir VéNaor et encore bien d’autres… Ce terme a l’avantage de ne pas définir
de façon positive, mais d’englober. Celui qui impose toujours son avis est
obligatoirement le plus fort, sans pour autant limiter cette force!!
Mais tout dépend sur qui on s’impose.

Et le verset énumère trois choses qui font que les eaux sont un des éléments
les plus forts de la création: 1. – elles sont très nombreuses; 2.
– elles ont elles-mêmes cette capacité d’imposer leur avis et de noyer toute
rébellion; 3.– Les vagues se brisent elles-mêmes les unes les autres (le
Midrach dit que l’écume sur les plages est la larme de la vague, brisée par l’interdit
divin de pouvoir avancer encore, et c’est elle en reculant qui va casser la
prochaine vague …).

Désormais, le fait que la mer ne sorte pas de ses limites est bien la preuve
que: l’Eternel est le seul à s’imposer sur toute la Création.

Les fleuves disent:



Que les fleuves battent des mains, qu’à l’unisson les
montagnes retentissent de chants. (Ps. 98: 8)

Dans le fleuve l’eau apparait dans toute sa beauté, elle court, éclabousse et
inonde. Plus le niveau du fleuve monte, et plus il abreuve une zone plus large…
On peut creuser des canaux pour se servir encore plus de cette énergie splendide
de l’eau qui ne veut qu’aller encore plus loin…

Le fleuve représente la Bénédiction, l’eau potable qui va abreuver la
terre sèche, les forêts et les troupeaux.
Le fleuve est lié aux montagnes, car les grands fleuves naissent en zone
montagneuse, lorsque les pentes rocheuses laissent descendre toute l’eau de pluie
ou de la fonte des neiges vers le fond du ravin.

Le fleuve est toujours le point le plus bas de l’endroit, alors que les
montagnes sont les plus hauts. Et il faut qu’il y ait au moins deux montagnes pour
avoir un cours d’eau. De même, un fleuve par définition est composé de deux
bords qui délimitent le lit du fleuve.

Battre des mains se fait avec les deux mains, chacune va, de son extrémité
du corps, vers l’autre, pour se rencontrer et créer un son. Cet acte est l’explosion
d’une joie intérieure intense, par laquelle toute l’entité de l’homme s’unit pour
exprimer sa joie.

L’eau qui remplit le fleuve, est une explosion de Bénédiction de la part du
Créateur, et elle relie les deux rives comme un battement de mains pour clamer
la joie de toute la création. Les régions où il ne pleut pas pourront, elles aussi,
être cultivées s’il y a un fleuve qui y passe (comme l’Egypte avec le Nil).

Les sources disent:



Chanteurs et joueurs d’instruments [de s’écrier]:
«Toutes mes sources [de joie] sont en toi!» (Ps. 87: 7)

Si la mer et les fleuves sont très bruyants, la source est le symbole même du
silence. Nous parlons du point où l’eau jaillit de la roche.
Le départ du torrent – fleuve – mer, grâce auxquels la vie continue sur terre
se fait dans la plus grande discrétion, loin des regards.

Toutes les plus grandes choses de notre monde ne le sont que grâce à leur
point de naissance, pur et limpide!!! Les vraies choses se font sans tapage
et sans regards extérieurs. Une véritable eau de source est mise en bouteille
sans avoir touché main d’homme – pure!!!

Or nous sommes tous pour notre entourage la source de quelque chose: nos
enfants auxquels nous donnons la vie, nos employés dont le salaire dépend de
nous, nos élèves dont l’épanouissement sera relatif à la pureté de l’enseignement
reçu…

Et nous sommes toujours face à un grand dilemme: puisque je suis la source
de ces choses, cela me donne des droits, des prérogatives et une ascendance. Je
suis même porté à me prendre au sérieux, et à aller jusqu’à m’enorgueillir de voir
la quantité et, peut-être même, la qualité des fruits de ma source.
Et la source d’eau, par le silence qui la caractérise, vient nous montrer le
chemin: «Toutes mes sources [de joie] sont en Toi!» Elle a comme unique
souci, ce qui est au-dessus d’elle: Hachem. Toutes mes sources de joie, tous
mes paramètres de réussite sont en – vers Toi! Est-ce que Tu es satisfait de moi,
est-ce que j’ai fait tout ce que Tu attendais de moi…

Je ne cherche pas, et donc ne trouve pas, mes joies en aval mais en
amont, face à Toi, Oh! Eternel!!!


Car nous serons tous dans l’isoloir, seul avec notre conscience et
notre vie, le jour où nous rendrons les clefs!!!

… Fin du Premier Chapitre …