La Tora revient dans la parachath Mass‘ei (Devarim 35, 9) sur une institution qu’elle n’avait fait qu’effleurer dans Chemoth 21, 13 : les villes de refuge, destinées à procurer un abri aux auteurs d’homicides involontaires.
Ce sujet est abondamment développé dans le deuxième chapitre, qui lui est exclusivement consacré, du traité Makoth.
L’une des nombreuses particularités de cette peine de bannissement est l’une des manières dont elle prend fin : la mort du kohen gadol (Devarim 35, 28).
Quel rapport entre ce décès et l’élargissement du banni ?
Explication de la Guemara (Makoth 11a) : Parce que le kohen gadol aurait dû solliciter la miséricorde de Hachem sur sa génération [afin qu’il ne se commette pas d’homicides] et qu’il ne l’a pas fait.
Aussi, poursuit la Guemara, les mères des kohanim fournissaient-elles aux bannis de la nourriture et des habits afin qu’ils ne prient pas pour que meurent leurs fils.
Mais n’est-il pas écrit, objecte-t-on, que « la malédiction sans cause n’arrivera point » (Proverbes 26, 2) ?
En réalité, il entre dans les attributions du kohen gadol de prier pour que ne survienne pas un tel malheur en Israël, de sorte que l’homicide qui a conduit le banni dans une ville de refuge constitue la conséquence d’une faute qu’il répare par sa mort. C’est pourquoi la prière que formule le banni pour que meure le kohen gadol n’est pas « une malédiction sans cause », et elle justifie l’inquiétude des mères des kohanim, et par voie de conséquence, leurs efforts pour qu’elle ne soit pas prononcée.
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Haftarath parachath Mass‘ei
La haftara de cette semaine prédit deux catastrophes : la destruction du premier et celle du deuxième Temples. Notre tradition nous incite à nous représenter ces tragédies comme faisant partie de notre vie présente, de la même façon que nous vivons « en direct » chaque année à Pessa‘h notre libération de l'Egypte.
Dans cette réprimande, le prophète Jérémie s’en prend non seulement au peuple, les « familles de la maison d'Israël », mais aussi, et peut-être surtout, aux élites de la société, aux « kohanim qui n’ont pas dit : Où est Hachem ? À ceux qui s’occupent de la Tora qui ne L’ont pas connu, aux pasteurs qui se sont rebellés contre Lui, et aux prophètes qui ont prophétisé par Ba‘al… » (Jérémie 2, 8).
On dirait aujourd’hui : « les penseurs, les philosophes et les politiques. »
Quels étaient exactement leurs péchés ? Pour le Targoum Yonathan, le péché des dirigeants du peuple était double : Ils manquaient de sincérité et d’intégrité religieuses et, par voie de conséquence, ils n'ont pas transmis ces qualités au peuple.
Selon rabbi Yossef Qara (1065 – 1135), un disciple de Rachi, leur péché essentiel était celui d’ingratitude : « Ils n’ont pas demandé : Où est Hachem qui nous a fait monter du pays d’Egypte ? » (2, 6), et ils n’ont pas reconnu qu’Il les avait amenés « dans un pays fertile, pour en manger les fruits et les richesses » (2, 7). Selon ce commentateur, c’est l'ingratitude d'une génération qui causera la disparition de la suivante.
Jacques KOHN Zal