Parachath Reè ? « Vois? » et « devant vous »
La parachath Reè commence par les mots : « Vois, Je donne devant vous aujourd’hui bénédiction et malédiction? » ( Devarim 11, 26).
L’une des difficultés que présente ce verset tient à l’emploi successif du singulier (« Vois ») et du pluriel (« devant vous »), alors que Moïse s’y adresse manifestement à un seul et même interlocuteur : le peuple d’Israël .
Pour comprendre ce changement de nombre grammatical, explique le Keli Yaqar ( Rabbi Efrayim Chelomo de Luntshitz, 1550-1619), il convient de se référer à la Guemara Qiddouchin (40b) qui nous apprend que nous devons chacun nous représenter le monde comme étant à moitié méritant et à moitié pécheur.
En conséquence, chaque individu doit savoir que le moindre de ses actes est susceptible de faire pencher la balance du jugement divin dans un sens ou dans l’autre, et donc que le destin de toute l’humanité est dépendant de sa seule conduite.
Voilà pourquoi le texte s’exprime successivement au singulier et au pluriel : Chaque individu porte en soi un germe de la responsabilité de tous.
Une autre difficulté tient à l’emploi dans le même verset du mot ( hayom ) (« aujourd’hui »).
Explication du même commentateur : Ce mot s’applique, par allusion, au soleil qui scande nos jours et nos nuits.
Or, le soleil comporte des fonctions opposées : C’est ainsi qu’il fait fondre la cire, tandis qu’il durcit les ?ufs. Mais ces deux fonctions ne sont pas produites par le soleil lui-même, mais par les substances sur lesquelles il agit.
De la même manière, les bénédictions et les malédictions annoncées ici par la Tora ne traduisent pas un changement dans les intentions de Hachem , mais elles dépendent de la conduite de ceux qui les reçoivent.
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Haftarath parachath Reè ? « Quiconque a soif, allez vers l’eau? »
« Oï , quiconque a soif, allez vers l’eau, et qui n’a pas d’argent, allez, achetez et mangez ; et allez, achetez sans argent et sans prix du vin et du lait » (55, 1).
Ce verset, qui a été abondamment commenté, est expliqué comme suit par le Midrach Tehilim (1, 18) :
De même que l’eau vient du ciel, de même les paroles de Tora viennent du Ciel, ainsi qu’il est écrit : « Vous avez vu que c’est depuis le ciel que Je vous ai parlé » ( Chemoth 20, 19).
De même que l’eau est toujours gratuite, de même en est-il des paroles de Tora .
De même que l’eau nous arrive en des myriades de gouttelettes qui se réunissent en une multitude de cours d’eau, de même en est-il de la Tora : On en étudie un jour une loi, le lendemain une autre, jusqu’à ce qu’on en devienne plein comme une fontaine.
De même qu’un adulte n’a jamais honte de demander à un enfant de lui apporter un verre d’eau, on ne doit jamais avoir honte de demander à un enfant qu’il nous enseigne telle fois un chapitre, telle autre une loi.
Et de même que l’on ne doit pas négliger de boire quand on a soif, de même ne doit-on pas se montrer indolent dans l’étude de la Tora .
Jacques KOHN.