Parachath Chela?h lekha ? Les trois péchés « capitaux »

La parachath Chela?h lekha est consacrée en grande partie au lachone ha-ra’ (« médisance ») auquel se sont livrés les explorateurs à leur retour de leur mission, et auquel se sont associés les enfants d’Israël.

Ce crime que ceux-ci ont commis en dénigrant Erets Yisraël a eu des conséquences très graves : Dans l’immédiat, ils ont été condamnés par Hachem à errer pendant quarante ans dans le désert avant de pouvoir pénétrer en terre de Canaan. Et à plus long terme, les larmes qu’ils ont versées ( Bamidbar  14, 1) leur ont valu, des siècles durant, de pleurer la perte de leur Temple et de leur terre ancestrale ( Ta?anith  29a).

C’est probablement pour cette raison que les Sages nous enseignent que le lachone ha-ra’ est aussi grave que les trois péchés « capitaux » réunis : l’idolâtrie, le meurtre et la débauche.

Peut-être en effet la paracha nous offre-t-elle une illustration de ce trinôme funeste :

? Lorsque les enfants d’Israël demandent à Moïse de leur donner une « tête » pour qu’ils retournent en Egypte ( Bamidbar  14, 4), Rachi comprend cette exigence comme témoignant d’un désir d’un retour au culte des idoles.

? Il s’en est fallu de peu que les enfants d’Israël tuent Josué et Caleb (14, 10 et Rachi ad loc .).

? Enfin, il n’y avait pas loin pour les enfants d’Israël de se débaucher lorsqu’ils ont demandé qu’on les ramène en Egypte (14, 4), pays dépravé par excellence.

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Haftarath parachath Chela?h lekha ? Un fil rouge

Cette haftara (Josué 2, 1 à 24) rapporte l’envoi par Josué, successeur de Moïse, d’une mission d’exploration, confiée à Caleb et à Pin?has ( Midrach Tan?houma ), et destinée à rassurer les enfants d’Israël sur la faiblesse des défenses du pays de Canaan, et tout particulièrement de la ville de Jéricho, par laquelle allait commencer la conquête d’ Erets Yisraël .

Cette mission, qui n’a duré que deux jours ( Radaq ), a été caractérisée par l’accueil chaleureux qu’a réservé aux deux hommes l’aubergiste Ra?hav .

Pour récompenser celle-ci, qui leur avait demandé d’être épargnée ainsi que sa famille (2, 12 et 13), les deux explorateurs lui ont garanti la vie sauve, et ce à une condition :

Lorsque les enfants d’Israël entreront dans le pays, lui ont-ils demandé, elle devra attacher un cordon de fil rouge à la fenêtre par laquelle elle les aura fait descendre, et elle réunira dans sa maison son père, sa mère, ses frères et toute sa famille (2, 18).

Et nous apprendrons plus loin qu’elle a été effectivement sauvée, ainsi que tous les siens, lorsque les Hébreux ont conquis Jéricho et l’ont détruite (6, 17-23-25).

On ne peut s’empêcher d’établir un rapprochement entre le cordon de fil rouge que Ra?hav a attaché à sa fenêtre et le sang de l’agneau pascal que les Hébreux ont badigeonné sur les linteaux de leurs maisons avant leur sortie d’Egypte ( Chemoth 12, 7), et qui leur a également garanti l’impunité pendant que Hachem faisait mourir les premiers-nés égyptiens.

De là, peut-être, l’utilisation de l’expression : « fil rouge » pour désigner un fil conducteur.

De là peut-être aussi la superstition, déjà désapprouvée par le Talmud ( Chabbath  67a et b) et destinée à conjurer le mauvais ?il, consistant chez certaines personnes à se fixer un fil rouge au poignet.

Jacques KOHN.