Parachath Wayélekh ? « Ecrivez ce cantique »
A la fin de la dernière adresse de Moïse aux enfants d’Israël, Hachem lui ordonne : « Et maintenant, écrivez pour vous ce cantique, et enseigne-le aux enfants d’Israël, mets-le dans leurs bouches, afin que ce cantique-ci soit pour moi un témoignage contre les fils d’Israël » ( Devarim 31, 19).
Ce verset soulève de nombreuses questions :
Quel est ce « cantique » ( chira ) dont Moïse est chargé d’assurer la rédaction ?
Pourquoi le mot « écrivez » ( kithevou ) est-il au pluriel, alors que « enseigne » ( lamda ) est au singulier ?
1. Les commentateurs sont partagés quant à la signification à donner au mot « cantique », tel qu’il figure dans ce verset.
Selon Rachi , ainsi que Rachbam et le ?Hizqouni , il s’agit de celui qui commence par les mots : « Tendez l’oreille ( Haazinou ), les cieux, et je parlerai, et la terre écoutera les paroles de ma bouche » ( Devarim 32, 1) et qui se termine avec : « Exultez, nations, [avec] Son peuple, car Il vengera le sang de Ses serviteurs, et Il rendra la vengeance à Ses adversaires, Sa terre procurera le pardon à Son peuple » (32, 43).
Pour Ralbag ( Rabbi Lévi ben Guerchom ) et le ?Ha?émeq davar (de rabbi Naftali Tsevi Yehouda Berlin de Volozhin), en revanche, le « cantique » c’est toute la Tora .
2. Quant à l’emploi du mot « écrivez » au pluriel, Rambam (Maïmonide) l’explique dans ses Hilkhoth tefilin (7, 1) comme imposant à chaque homme du peuple juif l’obligation de s’écrire un Séfèr Tora . Cette opinion ne fait cependant pas l’unanimité, beaucoup d’autres commentateurs, comme Sa?adia Gaon , exprimant l’opinion contraire en s’appuyant notamment sur la Guemara Guitin (60a) dans laquelle est posée la question de savoir s’il est permis d’écrire des morceaux partiels de la Tora . Dans l’affirmative, on reviendrait à la possibilité d’écrire le poème Haazinou en exécution de ce verset de Devarim 31, 19.
La halakha , en tout cas, a été fixée selon l’opinion de Rambam , et ce conformément à un autre texte talmudique contenu dans Nedarim 38a.
Plus prosaïquement, si l’on peut dire, le ?Hizqouni applique à Josué seul le commandement d’enseigner inscrit dans ce verset, d’où l’emploi du singulier, tandis que le ?Ha?émeq davar considère qu’il ne concerne que Moïse.
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Haftarath parachath Wayélekh ? Israël fleurira comme la rose
Dans cette haftara , qui est lue le Chabbath entre Roch hachana et Yom kippour ( Chabbath chouva ) et qui est consacrée au thème du repentir, Hachem promet à Israël qu’Il « sera pour lui comme la rosée et qu’il fleurira comme la rose (? chochana ?)? » (Osée 14, 6).
Dans son commentaire sur ce verset, Malbim rapproche cette chochana de la chochanath Yeri?ho , ou « rose de Jéricho » ( Selaginella lepidophylla ). Cette plante, souvent considérée comme un symbole de bonheur, d’amour et de longue vie, présente la particularité de revivre après avoir été longtemps desséchée.
Adaptée au milieu désertique, la rose de Jéricho possède la capacité de pouvoir se passer d’eau durant plusieurs années en se desséchant. Pendant de longues périodes, cette rose vit et se reproduit dans des régions désertiques, comme une plante normale, jusqu’au moment où elle ne supporte plus les conditions. Lorsque les fleurs et les feuilles sont mortes, et que la plante a complètement séché, les tiges se retirent, formant une boule. Les racines lâchent et le vent du désert emporte la plante, jusqu’à ce qu’elle trouve un nouvel endroit humide où elle peut continuer à pousser. La boule se déploie alors et jette ses graines, qui vont germer. Lorsque ces jeunes plantes reçoivent de l’eau, elles vont très vite bourgeonner.
De la même façon, explique Malbim , Hachem accorde sa protection au peuple juif, voué à se déplacer d’un endroit à un autre sans pouvoir jamais se fixer, et c’est cette protection qui nous permet de nous développer et de préserver notre beauté malgré les épreuves qui nous accablent.
Jacques KOHN.