Ces versets, qui commencent par le mot zakhor , ont donné son nom à ce Chabbath .
La Haftara correspondante (I Samuel 15, de 1 ou 2 selon les rites à 34) relate l’ordre donné par Hachem au roi Saül d’annihiler Amaleq. Cet ordre a été incomplètement exécuté, Saül ayant épargné Agag, le roi de cette peuplade.
Les conséquences de cette désobéissance se sont révélées catastrophiques. Agag a en effet profité du répit qui lui était accordé pour engendrer l’aïeul de Haman , précurseur de tous les antisémites de l’histoire.
Lorsque Samuel a voulu réparer cette faute commise par Saül, le texte nous apprend qu’il a fait conduire Agag devant lui et l’a fait exécuter.
Un verset indique cependant, dans une formulation sibylline, qu’Agag s’est présenté « gaiement » (maadanoth) devant le prophète et lui a dit : «Ainsi, l’amertume de la mort a disparu » (I Samuel 15, 32).
Que veulent dire cette allégresse d’Agag, et cette sorte de résignation devant la disparition de l’amertume de la mort ?
Selon Ralbag (Gersonide), le mot maadanoth ne doit pas être compris comme l’expression d’une quelconque gaieté, mais dans le même sens que dans le verset : « Peux-tu serrer les liens ( maadanoth ) des Pléiades, ou relâcher les cordes d’Orion ? » (Job 38, 31).
Le mot maadanoth doit par conséquent être compris comme signifiant qu’Agag a été conduit devant Samuel fortement entravé par des chaînes, et ce afin de prévenir toute tentative de fuite.
Quant à la disparition de l’amertume de la mort, explique le même commentateur, elle correspond à un sentiment passager qu’a éprouvé Agag à la vue de Samuel : Impressionné par sa stature, il s’est convaincu un court instant qu’il allait lui témoigner de la pitié et l’épargner.
Mais là a été son erreur, car Samuel lui a aussitôt répliqué, au verset suivant : « De même que ton épée a privé d’enfants les femmes, de même, entre les femmes, ta mère sera privée d’enfants? », puis il l’a aussitôt exécuté : « Et Samuel mit Agag en pièces devant Hachem , à Guilgal. »
Jacques KOHN zal