Quand tu compteras les têtes des enfants d’Israël selon leur dénombrement, ils donneront chacun une rançon de son âme à Hachem quand on les dénombrera, et il n’y aura pas en eux de fléau quand on les dénombrera. (30, 12)
Le Ba‘al ha-Tourim fait remarquer que le mot hébreu wenathnou (« ils donneront »), formé des lettres waw-noun-taw-noun-waw, est un palindrome, c’est-à-dire un mot qui offre le même sens qu’on le lise de droite à gauche ou de gauche à droite, comme pour nous montrer que ce que l’on donne à la charité finit par nous revenir. Celui qui fait l’aumône en tirera finalement profit…
Le Gaon de Vilna explique autrement cette particularité. Rabbi ‘Hiya, rapporte le Talmud (Chabbath 151b), a recommandé un jour à sa femme : « Quand un pauvre se présente à la porte, dépêche-toi de lui donner du pain, pour que d’autres se dépêchent d’en donner à tes enfants ! » Son épouse lui répondit : « Pourquoi les maudis-tu [en escomptant qu’ils devront solliciter la charité] ? » Rabbi ‘Hiya lui expliqua : « [A propos de l’obligation pour chaque Juif de pratiquer la bienfaisance], la Tora (Devarim 15, 10) stipule : “Car, à cause (biglal) de cette chose [Hachem vous bénira …]” Or, on a appris à l’école de Rabbi Yichma’èl que le mot biglal implique que la fortune en ce monde est comme une roue qui tourne (galgal)… » Le palindrome wenathnou (« ils donneront ») sous-entend donc, commente le Gaon, que le donneur a parfois besoin que d’autres, à leur tour, le fassent bénéficier de leurs libéralités.
En outre, fait remarquer ce Maître, le signe de cantillation qui surmonte le mot wenathnou est un qadma weazla, qui signifie d’« avancer rapidement ». Voilà exactement ce que Rabbi ‘Hiya a conseillé à sa femme : Qu’elle se dépêche de donner la tsedaqa, avant que les roues de la fortune ne se retournent contre ses propres enfants !
Voici ce que donnera quiconque passe pour le dénombrement : un demi-chéqel selon le chéqel du sanctuaire, à vingt guéra par chéqel, un demi-chéqel, portion pour Hachem. (30, 13)
Pourquoi Hachem a-t-Il fixé le montant de ce don précisément à un demi-chéqel ?
Il s’agit ici de mettre en évidence la solidarité au sein du peuple d’Israël, explique Rav Chelomo Alkabetz, afin de marquer que personne n’est sur une île isolée, capable de vivre en une totale indépendance. Non ! Chaque Juif est seulement « une moitié », qui ne peut se réaliser sans se lier à ses semblables.