Au vu de la faiblesse endémique des infrastructures et des services publics palestiniens à Gaza et en Judée-Samarie, tout le monde se demande à juste titre ce qu’ont donc bien pu faire les dirigeants de l’Autorité palestinienne (AP) des énormes sommes d’argent qu’ils n’ont cessé de recevoir d’année en année de la part de tous les « pays donateurs ». Et ce, depuis bientôt vingt ans qu’Israël a signé avec l’AP les fameux Accords d’Oslo…

La réponse à cette question est malheureusement assez simple et tient dans le triptyque déroutant : « détournements systématiques de fonds publics – corruption exacerbée – séries de comptes bancaires en Suisse »…
On ne compte plus en effet les hauts dirigeants de l’AP et du Fatah – le parti de son président actuel, Ma’hmoud Abbas – qui se sont enrichis en accumulant d’énormes fortunes en argent liquide extorquées des versements par les pays donateurs de l’AP et qu’ils ont utilisées à se construire des villas ou des appartements luxueux… Alors que les territoires palestiniens manquent si cruellement d’hôpitaux, de centres éducatifs, d’écoles et d’infrastructures sociales en tous genres, et quand les chiffres officiels de l’ONU et de la Banque mondiale attestent que ce sont bel et bien les Palestiniens qui ont reçu depuis 18 ans les plus forts montants per capita d’aide internationale au niveau de la planète tout entière !
Même chose avec la corruption publique qui est devenue une « manière d’être » à Ramallah comme à Gaza : comme la plupart des élites palestiniennes n’ont aucune tradition ni culture et encore moins d’institutions viables permettant la gestion efficace d’un État moderne, les pires habitudes ont été vite prises – non seulement par les plus hauts dirigeants de l’AP, mais aussi par ses cadres intermédiaires – de puiser sans restriction dans les deniers publics : soit pour acheter tel poste-clé ou telle influence ou contrôle, soit pour arracher tel ou tel marché lucratif, ou plus simplement pour s’octroyer tout simplement sans verser un seul sou tel terrain bien placé à construire ! Sans parler de la multiplication sans fin des « délits d’initié »…
Autant de phénomènes déplorables que l’actuel Premier ministre de l’AP, Salem Fayed, aimerait tant pouvoir enrayer… si Abbas le laissait faire.
On se souvient ainsi que Yasser Arafat avait pu accumuler au fil des années son fameux « trésor de guerre » de plusieurs dizaines de milliards de dollars placés dans plusieurs banques étrangères – le même trésor qui sert toujours à fournir aux besoins très spéciaux de sa veuve Souha, dont le train de vie entre Paris, Dubaï et New York tourne toujours autour des 100 000 dollars par mois.
Mais la situation n’est pas non plus brillante avec son successeur Abbas, dont la fortune personnelle est actuellement évaluée à quelque 100 millions de dollars, alors qu’il n’a vaqué, des décennies durant, qu’à ses seules occupations de dirigeant politique et qu’il n’a strictement jamais été un homme d’affaires !

Des deniers publics utilisés à des fins uniquement personnelles et/ou politiques…

Fait assez emblématique qui montre combien tout cet argent public détourné n’est utilisé qu’à des fins politiques ou personnelles, et aussi combien la pente sera très dure à remonter pour tous ceux qui voudront un jour lutter efficacement contre tous ces phénomènes désastreux générant tant de privations et d’inégalités socio-économiques au sein même du peuple palestinien : voilà quelques jours en effet, un tribunal de Ramallah a tout de même condamné à 15 ans de prison Mo’hamed Rachid, l’un des proches conseillers d’Arafat pendant vingt ans qui s’est « réfugié » dans son palais doré d’Arabie Saoudite juste après la mort du raïs, pour détournements de fonds et blanchiment d’argent. Ce tribunal l’a aussi pénalisé d’une formidable « amende » de 15 millions de dollars et lui demandant aussi de restituer quelque 34 autres millions de dollars qu’il aurait tout bonnement volés sur les fonds de l’AP… Le tout en condamnant aussi à 15 ans de prison pour les mêmes motifs deux autres responsables corrompus de l’AP.
Il faut dire que c’était Rachid qui dirigeait en personne le Casino de Jéricho, mais aussi le Fonds d’Investissement palestinien (FIP) sous la forme d’une société privée créée en 2003 et censée renforcer l’économie palestinienne par le biais d’« investissements stratégiques ».
Pour sa défense – qu’il a abondamment déployée grâce à une série de copieux interviews accusant les dirigeants actuels de l’AP et diffusés sur l’antenne de la télévision panarabe Al-Arabiya installée à Riyad -, ce même Rachid a cru se disculper en racontant qu’il avait personnellement remis en 1993 à Ma’hmoud Abbas une « petite enveloppe » de quelque 25 000 dollars, lorsque ce dernier avait débarqué à Gaza en provenance de Tunis (l’ex-siège de l’OLP) juste après la signature des Accords d’Oslo… Par Richard Darmon,en partenariat avec Hamodia.fr