Quelques jours avant que la justice néo-zélandaise se prononce sur le fait de savoir si l’interdiction de la che’hita dans le pays était une atteinte à la liberté religieuse, le gouvernement a permis l’abattage rituel des poulets mais pas encore celui des bovins.
Il s’agit d’une première victoire dans la bataille contre l’interdiction de l’abattage rituel en Nouvelle-Zélande. Aux termes d’un accord intervenu récemment entre le ministre de l’Agriculture du pays, David Carter, et la communauté juive locale, la che’hita des poulets est à nouveau autorisée dans le pays. Des négociations se poursuivent en ce qui concerne celle des agneaux mais tant que celles-ci ne sont pas arrivées à leur conclusion ou que le différend n’a pas été réglé par un tribunal, cet abattage-là peut continuer. Et ce, en raison d’une décision légale datant du mois d’août qui permet cette procédure de manière provisoire. Par contre, pour ce qui concerne les bovins, l’interdiction telle qu’elle avait été décidée au printemps dernier par ledit ministre devrait, selon les observateurs, être maintenue. Ce qui veut dire que du bœuf cacher devra être importé d’Australie.
Le président du Jewish Council de Nouvelle-Zélande, Stephen Goodman, qui avait qualifié l’interdiction de la che’hita de « menace directe pour notre existence » a salué ce premier accord qualifié de « petite victoire confirmant nos droits d’avoir une pratique juive ». « Tout ce processus a été extrêmement éprouvant pour la communauté », a-t-il déploré en soulignant qu’il en avait coûté plus de 223.000 dollars pour financer la bataille juridique contre la mesure gouvernementale. Argent qui, selon lui, « aurait pu et dû être utilisé à renforcer la communauté plutôt que de se battre avec notre gouvernement au sujet de notre droit à vivre ici ».
De son côté, l’émissaire habad en Nouvelle-Zélande, le rabbin Mendel Goldstein, tout en exprimant sa satisfaction suite au recul du ministère de l’Agriculture, a précisé : « L’interdiction de la che’hita aurait eu un effet dévastateur pour la communauté juive. Nous regrettons d’avoir eu besoin d’aller devant la justice simplement pour faire respecter la Déclaration des Droits de Nouvelle-Zélande ».
Une exemption qui pourrait faire courir « des risques commerciaux sur le marché halal »
En fait, la décision de permettre l’abattage rituel de la volaille est intervenue trois jours seulement avant que le procès intenté par la communauté juive contre le gouvernement qui, par cette interdiction de la che’hita, est censé porter atteinte à la liberté religieuse, ne soit examinée par la Cour Suprême de Wellington. Or, selon le quotidien New Zeland Herald, le revirement du ministre de l’Agriculture ne s’expliquerait pas seulement par le fait que David Carter ait pris en compte les besoins religieux de certains de ses concitoyens. Ce que, bien entendu, ce dernier a nié.
« Des documents obtenus par le New Zeland Herald… semblent montrer que Carter a violé les règles concernant son mandat en prenant en considération des implications commerciales lors de sa première décision (celle d’interdire tout abattage de bêtes n’ayant pas été assommées au préalable, ndlr), écrit le journal. Une présomption de conflit d’intérêts a été mentionnée car il possède des parts dans une société qui exporte de la viande, société dont il avait rencontré les dirigeants qui souhaitaient une interdiction de la che’hita pour protéger leurs intérêts ».
De quoi s’agit-il ? Des mails obtenus par le New Zeland Herald font état d’une rencontre en mars entre deux hauts responsables de la société Silver Fern Farms et David Carter (qui possède lui même des intérêts dans ladite société). Ceux-ci lui auraient fait savoir leur opposition à ce que la communauté juive bénéficie d’une exemption dans le cadre de la nouvelle loi sur l’abattage en Nouvelle-Zélande. Notamment parce que, selon eux, une telle exemption pourrait faire courir « des risques commerciaux, particulièrement sur le marché halal ».
En effet, toujours selon les mêmes, les pays arabes auraient pu être irrités par un traitement préférentiel accordé aux Juifs puisqu’en Nouvelle-Zélande, les animaux destinés à l’abattage halal doivent, eux, être assommés avant d’être mis à mort. Et le Herald de préciser que Silver Fern Farms, qui traite environ 30 % du bétail néo-zélandais, exporte annuellement pour plus de 200 millions de dollars de viande vers le Moyen-Orient. L
Catherine Garson en partenariat avec Actualité Juive