COMME L’ÉCRIT le philosophe
Walter Benjamin dans
ses « Essais », « l’humanité
est devenue assez étrangère à
elle-même pour réussir à vivre
sa propre destruction comme
une jouissance esthétique de
premier ordre »… Ne nous suffit-
il pas en effet de sortir la
tête de la maison d’étude pour
nous retrouver immédiatement
submergés par des sollicitations
multiples et tellement contradictoires
d’un monde en quête
de sens et de soi ?!
Après avoir conquis le réel, la
civilisation des Lumières ne
s’est-elle pas aussitôt chargée
de conquérir l’homme et ses
désirs ? Et affirmant que tout
est possible – une chose et son
contraire ! – dans l’éternel retour
de formes multiples, ne
l’a-t-elle pas convié à la plus
irrémédiable des confusions
et à l’illusion démesurée de la
conjugaison infinie de ses modalités
d’être ?
Désormais étranger à luimême,
si la culture moderne est
pourtant parvenue à le précipiter
vers le chaos existentiel de
son humanité – en réussissant
à lui faire croire qu’en dehors
de la consommation présente
du réel on ne saurait espérer
de jours meilleurs -, c’est bien
parce qu’« il y a en chaque
No future… homme une tendance naturelle
à ignorer les implications de la
Transcendance pour se dédier
seulement à la jouissance du
réel, même si cette inclination
le conduit vers des formes
d’idolâtrie qui le rendent prisonnier,
inéluctablement, des
atours clinquants du réel. Attiré
par les richesses de tous ordres
disponibles dans l’univers,
il devient l’otage permanent de
son moi profond dont il servira
indéfiniment les multiples passions.
Le Traité des Principes
(Avot, 2, 18) enseigne ‘Al Téhi
Racha Bifné Atsmé’ha [Ne sois
pas impie (ou méchant) à tes
propres yeux]’, c’est-à-dire :
ne te construis pas comme une
identité négative selon le modèle
de la ‘Sitra A’hra’ [le penchant
du mal]. En s’adonnant
aux pulsions de la richesse et
donc à la jouissance systématique
de ce monde-ci, l’on récuse
forcément le sens de la Transcendance
comme le seul projet
existentiel offrant quelque cohérence
», (Salomon Benzaquen
– « Du cèdre à l’hysope, une vie
juive » – chapitre 1)…
YEHUDA RÜCK
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